Dans la vie, il y a de ces femmes qui sont nées avec le courage au ventre, la ténacité et une vision d’athlète qui leur permet de relever tout défi, une étape à la fois. Ricaneuse, positive et débordante d’énergie et de projets, Geneviève Hallé incarne pleinement l’aura d’une grande femme alpha.
Il y a plusieurs années, une très bonne amie à moi m’avait parlé d’une Geneviève Hallé, une future championne de planche à neige qui venait d’avoir un accident majeur lors d’une compétition aux États-Unis, la rendant paraplégique. Je me souviens qu’à ce moment j’ai pensé ‘’mon dieu que c’est terrible’’, comme bien des gens.
Le hasard a fait que j’ai récemment vu passer une vidéo incroyable sur cette petite femme dynamique. Le genre de vidéo qui nous bouleverse et nous remet à notre place, carrément (et c’est positif!). Puis, je le fais voir à mon mari et lui dit : il faut que je rencontre cette fille-là! Le lendemain matin, Geneviève Hallé m’avait écrit…car elle voulait en savoir plus sur les Femmes Alpha…drôle de hasard!
Aujourd’hui, mon regard sur la vie est différent. Et j’ose dire que cette femme est née pour devenir un exemple, un modèle pour tous ceux et celles qui à un moment dans leur vie ont à surmonter une épreuve ou désirent réaliser de grandes choses.
Voici l’entrevue qu’elle nous a accordée!
Comment te décrirais-tu?
J’aime bien dire qu’on n’arrive jamais à m’assoir. (Elle sourit)
Quels sont les mots qui te définissent?
C’est difficile de se décrire! Projets, dynamique, positive, tête de cochon, curieuse, aventurière.
Qu’est-ce que tu fais dans la vie?
Je suis une artiste et je travaille comme graphiste à mon compte. Je suis super sportive et je fais aussi de la photographie et des toiles, que je vends.
Mais en ce moment, j’ai vraiment pleins de projets que je veux mettre sur pied!
(Voici en vrac, certains de ses projets)
* Je veux monter des vidéos d’entraînements pour les gens en fauteuil roulant; je suis d’ailleurs à la recherche d’une équipe (kinésio, entraîneur).
* Je veux commencer à exposer mes toiles dans des galeries d’art et organiser un petit évènement expo d’une semaine au printemps.
* J’aimerais passer plus de temps dans le sud parce que je suis hyper frileuse (il fait 26 degré dans son bureau) et qu’un fauteuil roulant dans la neige, c’est pas super!
* J’aimerais donner des conférences. J’ai la vision d’une conférence intime devant un petit groupe où les gens sont à l’aise de poser des questions sur mon expérience.
Qu’as-tu trouvé le plus difficile par rapport à ton accident?
D’apprendre à être patiente. Par exemple, à chaque fois que tu veux un équipement sportif, les coûts et les délais d’attente peuvent être très longs (ex : un snowboard adapté coûte environ 7000$). Un jour, j’ai vu une photo d’une fille paraplégique qui faisait du wakeboard et ça m’a donné le goût d’essayer. Il m’a fallu attendre 2 ans avant de trouver les ressources nécessaires et avoir enfin mon équipement.
J’ai passé 3 mois à l’IRDPQ et j’ai trouvé ça très difficile d’être entourée de gens déprimés. Aussi, là-bas, certains membres du personnel me préparaient pour le pire et me prévenaient que j’allais à un moment ou à un autre tomber de mon nuage et vivre une période dépressive. Ça fait maintenant 14 ans de ça et ce moment n’est toujours pas arrivé!
J’ai aussi trouvé ça très difficile de voir mes parents et mes proches impuissants là-dedans. Souvent, c’est moi qui leur remontait le moral en faisant des blagues sur ma situation.
As-tu un conseil à donner aux gens qui ont à vivre une grande épreuve ?
J’ai vraiment vu mon accident comme un défi; comme une athlète aurait vu un défi. J’étais déjà prête à repartir à Whistler dès l’accident. J’ai jamais eu de ‘’down’’. Pour moi ça n’a pas été un drame. Tout est dans la façon de voir les choses. Il n’y a pas de façon précise de faire. Il faut s’accrocher à ce qui reste et non à ce qui est parti. Seulement 3 mois après mon accident (alors qu’on m’avait prévu au moins 7 mois de réhabilitation), je repartais vivre à Whistler avec mon chum et je retournais sur les pentes, en ski. Aussi, le président du Telus World Ski and Snowboard Festival m’avait appelé pour me dire que si je revenais, il me donnait le contrat de graphisme de son festival. J’avais donc déjà pleins de projets auxquels me rattacher.
Pratiques-tu beaucoup de sports?
Je fais du wakeboard l’été, du paddle board, du vélo, et je roule avec mon fauteuil avec lequel j’ai fait quelques 5 km (elle a pour objectif un 10 km). Je fais du ski de fond, j’ai fait du ski alpin, du bungee, du surf, du parachute et là j’aimerais vraiment essayer le nouveau snowboard adapté et pourquoi pas rêver de retourner en faire un jour à Whistler!
J’ai toujours été très sportive. J’ai fait beaucoup de gymnastique et de snowboard, mais depuis l’accident, l’art a pris beaucoup de place dans ma vie. Il me permet de canaliser l’énergie que je ne peux pas canaliser dans le sport.
As-tu peur de quelque chose?
De ne pas être capable d’être assez en forme assez longtemps pour faire tout ce que je veux. Je veux me garder en forme le plus longtemps possible!
As-tu un grand rêve?
J’ai plusieurs rêves. J’aimerais devenir un modèle pour les gens. Étant maintenant ambassadrice pour Quickie Wheelchair et BBraver handrim, je veux pousser les gens en fauteuil à croire en eux, à être fier de ce qu’ils sont et à se dépasser. Les inspirer à faire du sport et se tenir en forme.
J’aimerais “décoller” de mon ordi et être plus en lien avec les gens.
Aussi, plus concrètement, j’aimerais vivre de mon art.
Qu’est-ce qui t'inspire?
Les défis que la vie met sur nos chemins. C’est ce qui pousse l’humain à grandir, à s’adapter, à évoluer et à créer.
Qu’aimerais-tu dire aux jeunes femmes d’aujourd’hui?
Il faut trouver sa passion dans la vie. Il ne faut pas faire un travail seulement pour l’argent qui vient avec, mais parce qu’on aime ce qu’on fait.
Au cégep, le seul cours que j’ai coulé était graphisme! J’ai dû recommencer une session pour reprendre ce cours et obtenir mon DEC en graphisme! Comme quoi, quand on aime vraiment quelque chose, il faut s’écouter et persévérer, même quand les autres ne nous voient pas faire ça.
Aussi, j’ai vécu de l’intimidation à certaines occasions au primaire et au secondaire. Je ne me trouvais pas belle, j’étais très petite et j’étais intimidée. Parfois, on vit de l’intimidation seulement parce qu’on dérange par notre différence. Mais il faut voir la différence comme un atout!
J’aimerais aussi dire aux jeunes femmes qu’il faut savoir voir les opportunités que la vie nous offre et ne pas avoir peur de se mettre de hauts objectifs. Mon accident a comme été une manière pour la vie de me dire : ‘t’es capable d’en prendre plus’. Tout est dans la manière de voir la vie et les expériences qu’elle nous offre. Il ne faut pas laisser les autres nous décourager; il faut au contraire qu’ils deviennent une source de motivation.