« Un humour sans faim »
Il était passionné par notre chère langue française et possédait un dictionnaire dans sa tête. Il lui a fallu toute une vie de lectures en tout genre, lui permettant de rebondir sur chaque expression employée, parce que l’exactitude était importante. Sans juger et avec ce sourire malicieux, il transmettait son savoir par l’humour, usant de toutes les figures de style en passant par le calembour, sa préférée évidemment. Des petites notes dont il signait : « JCS de l’académie » dans lesquels je retrouvais des règles de grammaire scandaleuses, parce qu’il a beaucoup (trop) d’exceptions!
On me demande souvent de quelle planète je viens avec ces jeux de mots et phrases à double sens que je sors de mon chapeau naturellement d’ailleurs. Il me vient de ma lignée directe, et j’en suis fière.
« Assoiffé de culture »
Il n’a jamais cessé de s’instruire et faisait preuve d’une curiosité incroyable. Elle lui conférait une richesse intellectuelle qu’il emportera avec lui.
Véritable passionné de littérature, il savait nous conter et narrer les histoires; il captivait son auditoire grâce à l’intonation qu’il y mettait. Épris d’histoire, il aimait transmettre son savoir. Dans bien d’autres domaines, il était incollable. Mais la liste est longue. Je m’arrête donc sur une dernière; féru d’écriture, elle avait fière allure.
J’avais le plaisir de voir dans ma messagerie, de doux mots profondément sensés : « À notre chipie verte, comme nous sommes de bon conseil (souvent) et ne t’avons jamais (je crois) donné l’occasion de suivre un mauvais exemple (chuuuut!), nous ne t’assurerons aujourd’hui (si besoin était) que de notre affection et t’affirmer qu’il est doux de vieillir à ne penser qu’aux autres.
Qu’en ce jour commencé, vingt-sept ans révolus, s’illumine pour toi une aube de promesses.
Allez! une dernière pour s’esclaffer ensemble : “les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples” – La Rochefoucauld – Maximes — XVIIe siècle ».
« Jamais rassasiées, ses papilles! »
Il adorait cuisiner et me souviens parfaitement de ses premières lignes de recettes écrites lorsqu’il suivait à la télévision un grand Chef de la gastronomie française, Robuchon. Depuis, il n’a eu de cesse avec sa femme, de nous concocter des plats aux saveurs extraordinaires, d’une finesse jouissive, toujours en association (quasi) parfaite aux vins. Oui, il avait du goût! Ça aussi il s’en est aguerri.
L’heure est aux transmissions de l’histoire (une toute petite partie) d’un Homme, celui qui a été une référence pour moi. Un homme riche. Il était exigeant sur la qualité, de mauvaise foi aussi! Mais avant, tout il était altruiste. Qu’il faisait bon d’aller lui rendre visite! Il faisait partie de ceux chez qui vous saviez que vous passeriez un bon moment, un moment de détente, de partage et d’écoute.
Jusqu’à la fin de sa vie, sans jeu de mots cette fois, il m’aura transmis ses valeurs.
Qu’en ce jour où tu t’éloignes, et même si j’ai eu la chance de te dire « au revoir », encore MERCI d’avoir été mon super papi.
Révision: Josée Goupil