Il y a quelques semaines, fatiguée de travailler seule de mon bureau à domicile, j’ai cherché et trouvé un magnifique espace de co-travail. « Je contiens ma joie » ai-je dit à la responsable des lieux, tellement j’étais heureuse de sortir de l’isolement qui touche plusieurs entrepreneurs courageux et déterminés à réaliser leurs rêves. Ma bulle s’est rapidement éclatée, et ce, seulement quelques jours après mon arrivée dans ces lieux. Ainsi, à ma première journée, à l’heure du lunch, nous parlions d’une délicieuse pâtisserie bretonne et j’entends un collègue de bureau dire à un Français : « On est envahi par les immigrants ici. » Je n’ai pas répliqué, car j’étais en choc, mais surtout rouillée, car j’ai quitté le marché du travail traditionnel entre autres parce que je vivais de la discrimination raciale, et ce, de façon hebdomadaire. Ce que ces expériences de microagressions m’ont appris, c’est que les bureaux sont souvent un reflet de la société où certains disent tout haut ce que d’autres gardent chez eux. C’est ce que j’ai ressenti une journée après les actes terroristes de la ville de Québec.
Montréal est ma ville natale, mon premier amour. Cependant, après 5 ans vécus comme expatriée en Europe où les gens étaient beaucoup moins ouverts à la diversité, retourner au Canada, n’importe où au Canada, aurait fait l’affaire. Le travail nous a conduits, ma famille et moi, dans la ville de Québec. Ce nouvel habitat est rapidement devenu mon deuxième amour en raison de la chaleur des gens et du cachet touristique de la magnifique Capitale Nationale.
Et puis, dimanche soir, l’inexplicable est survenu : un acte terroriste a été commis contre la communauté musulmane par un lâche. À l’heure du midi, je me suis rendu à la salle à manger et je me suis mise à poser des questions à une collègue de bureau en quête d’informations sur cette affaire sordide. Elle me sort alors « Tu sais, moi je suis née et baptisée catholique. J’n’ai rien contre les immigrants sauf que je suis contre qu’on essaie d’imposer sa religion sur nous. Ici, on est au Québec et c’est eux qui doivent s’adapter à notre façon de faire. » Moi : « Wow! Ce qui est arrivé n’a rien avoir avec une religion qui s’impose. C’est l’acte d’un malade! »
Cette dame dit se sentir imposer une religion, mais un pommier peut-il imposer à un poirier de porter des pommes? Non, c’est plutôt un arbre qui se sent vide de sens et de fruits qui peut avoir peur qu’on lui impose quelque chose. Vous me suivez?!?
Mais quand même, puisque je suis une personne axée sur la résolution de problèmes, voici ce que je propose à toutes les personnes qui, comme ma collègue de bureau ou le cinglé de dimanche soir, se sentent contraints et brimés dans leur identité.
1— Allez donner des cours de français à des jeunes. La langue française est beaucoup plus en danger à cause des étudiants et adultes non fonctionnels qui ne maîtrisent pas la langue officielle qu’à cause des soi-disant immigrants qui refusent de parler le français. J’en sais bien quelque chose puisque c’est suite à la Révolution tranquille que le Québec a fait appel aux membres de ma communauté d’origine, les Haïtiens, pour venir enseigner en français aux futurs dirigeants franco-québécois. Alors, allez prendre quelques heures par semaine pour aider des enfants à mieux écrire la langue de Molière.
2— Impliquez-vous dans des causes sociales. Utilisez vos dons uniques, nous en avons tous, pour aider des personnes dans le besoin dans des organismes comme le YMCA. Ainsi, chacun d’entre nous pourra développer son plein potentiel au profit de l’enrichissement de notre société. Je présente des conférences à des femmes, toutes Québécoises de souche, et je vous assure que ça me fait autant de bien qu’à elles.
3— Trouvez et utilisez votre don unique. Quand vous ne trouvez pas votre vocation et que vous finissez dans des programmes aléatoires comme les Sciences politiques (j’ai fait 3 ans de doctorat dans ce domaine que je n’ai pas terminé par manque d’intérêt donc je sais de quoi je parle), vous vous sentez inutiles. La solution n’est pas de vous en prendre aux autres, mais d’avoir le courage de regarder à l’intérieur de vous et de chercher ce que votre cœur et la vie vous à envoyé faire. Alors, faites-le! Utiliser votre don unique est la seule façon d’atteindre votre potentiel plein. Comment le trouver? Posez-vous cette question simple pour commencer : si l’argent n’était pas un souci, qu’aimerais-je faire de ma vie?
4— Prenez le temps d’apprendre à connaître vos voisins, de connecter avec eux.
Martin Luther King disait:
« Les gens ne s’entendent pas parce qu’ils ont peur l’un de l’autre; ils ont peur parce qu’ils ne se connaissent pas. Ils ne se connaissent pas parce qu’ils ne communiquent pas ensemble. »
Le Québec est et a toujours été une terre de migration et c’est cette diversité qui fait maintenant sa richesse. Nous sommes tous connectés et en ce sens, hier, j’ai amené une carte de souhaits signée par mes voisins de bureau en signe de solidarité (oui, même cette voisine l’a signé) et que j’ai ensuite remise à la communauté musulmane. Comment pourriez-vous contribuer à rendre le Québec plus fort et plus uni par chez vous?
Révision: Josée Goupil