Petite introduction courtoise et trop solennelle, passez à la suite…
Le monde du travail est un héritage, celui d’une époque où la créativité, le bonheur, l’être n’étaient vraiment pas la préoccupation première. Et c’est bien normal, au sortir d’une guerre, en temps de grande pauvreté, la question de la survie est bien plus importante que tout le reste. Par la suite, quand l’économie a été de nouveau florissante, la découverte de la consommation et du pouvoir d’avoir était au cœur des réjouissances. Imaginez être privé aussi longtemps du minimum, vous aussi vous auriez sauté à pieds joints sur le luxe du pouvoir d’achat.
On entre dans le vif du sujet !
Comme toute belle histoire, il y a une suite et celle-ci est maintenant écrite par une génération où les représentants ont eu accès à tout et cherchent maintenant un essentiel, un essentiel qui se rapproche de l’essence de l’être plus que de celui d’avoir. C’est l’inévitable loi que notre très cher Maslow a énoncée dans sa pyramide.
Cet essentiel, maintenant, se fonde d’abord et avant tout sur l’importance du lien, de la gratitude et surtout de l’accomplissement de soi. Cet accomplissement, pour moi, fait écho à l’expression dans son monde (travail, famille, bénévolat, loisirs, amis) de tout ce qui vibre intérieurement. Cet accomplissement, pour moi, est synonyme d’un espace où «être» est aussi important qu’«avoir». Et la quête vers cet accomplissement est, pour moi, le bonheur.
Cela étant posé, si nous regardons maintenant l’interface du monde du travail, qui est – en théorie – la sphère d’expression de soi par excellence … que retrouve-t-on ?
Rien.
Rien de réellement stimulant pour la nouvelle génération, car ce monde n’a pas été créé avec une intention de développement, mais bien plus avec une intention de contrôle, d’accumulation et de productivité.
Le cœur de mon message …
Et la résultante de tout cela est le découragement d’armées de bonnes volontés, animées par une réelle vocation d’aider dans leur milieu respectif - qu’il soit l’éducation, la protection de l’environnement, la relation d’aide, le soin, etc. … et qui ne se retrouvent nulle part. Par exemple, l’enseignant est étouffé par la bureaucratie, l’activiste est plombé par le manque de ressources pour exprimer son message, l’aidant est dévalorisé ou emprisonné dans des technicalités tueuses pour son âme d’aidant et le médecin est fatigué par la pression et les heures de travail indues qu’on lui demande, à lui et à son corps d’humain.
Les vocations sont tuées dans le monde du travail actuel et la seule survie passe par bien souvent par «l’alternatif», un mot fourre-tout que je mets en lumière aujourd’hui. Car c’est dans cet alternatif que les possibilités d’expression de soi semblent s’être lovées. Et cet alternatif se dessine avec le visage de l’entrepreneuriat, du travail autonome, du coaching en tout genre, ou des institutions qui se revendiquent alternatives (ex. écoles alternatives, coopératives de travail, quelques entreprises avant-gardistes, etc.).
Il y a donc deux mondes : le vrai monde et le nouveau qui semble se dessiner par la nouvelle génération.
En tant que conseillère d’orientation, il m’est si facile de voir quels pourraient être les professions ou les métiers qui correspondent aux aspirations profondes de mes clients, mais il m’est si coûteux intérieurement et si pénible de me rendre régulièrement à l’évidence que les institutions ou les entreprises, telles qu’elles sont faites actuellement, ne sont pas des milieux pour eux, pour nous. Ils en sortiraient étouffés, découragés, échaudés, morts... ??
Mon expérience de ce que j'avance
Moi-même d’ailleurs, si ma vocation première était de faire une différence dans une grande université, mon choix de vie s’est rapidement porté vers la liberté d’être en choisissant la voie de l’entrepreneuriat. Cet entrepreneuriat m’a amenée à créer une vie qui me ressemble, vie bien à moi qui marie à la fois l’amour que j’ai à aider les autres à s’exprimer par leur travail (on appelle cela l’orientation) et l’amour que je porte pour la connaissance profonde de soi (par la pleine conscience). Cette voie me satisfait au plus haut point, mais c’est moi qui l’ai construite avec mes repères et idéaux, car personne d’autre n’aurait pu me l’offrir. Pourtant, je suis loin d’être la plus entrepreneure!
QUESTIONS
Et vous, si vous construisiez votre propre destinée, quel en serait son visage ? Quels contours lui donneriez-vous ? Quelles valeurs seraient indiscutables ? Je suis sérieuse quand je vous pose cette question, alors au lieu de retourner direct sur Facebook, prenez le temps d’y réfléchir…
Révision: Julie Grenier-Turcot