Il y a des rencontres qui marquent une vie. Des rencontres qu’on ose à peine rêver tellement elles sont immenses de sens et de portée.
En juin dernier, Viviane et moi avons eu l’incroyable privilège de rencontrer Madame la Secrétaire générale de la Francophonie, anciennement Gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean.
Généreuse de son temps et de sa passion pour l’humanité, Madame Jean a conscience d’être porteuse d’un message beaucoup plus grand qu’elle. Ses valeurs et ses convictions fortes transcendent son engagement et touchent des milliers voire des millions d’hommes et de femmes du monde de la francophonie.
Elle a accepté notre demande d’entrevue, convaincue qu’il est important d’apprendre des épreuves que d’autres ont pu traverser et, surtout de la façon dont ils les ont surmontées.
Son parcours extraordinaire, son humilité et sa combativité en font un modèle absolument humain et touchant pour toutes les femmes de notre monde. Son message et son énergie hors du commun nous ont particulièrement troublés. Ce jour-là, je rencontrais mon idole.
Madame Jean, votre carrière est plus qu’impressionnante. Quel a été le moment déterminant de votre carrière?
Je n’y pense jamais en terme de carrière, mais plutôt en terme de parcours. Tout dans ma vie est déterminé par un ensemble de circonstances. Mon histoire a comme été une école de la vie. Ce que j’ai traversé pendant l’enfance, partir d’un pays comme Haïti, être dans l’urgence de fuir un régime dictatorial après avoir été témoin de ce que cela représente. Se lancer vers l’inconnu. Vivre ce passage de vie du « tout certain, je sais d’où je viens, je comprends ce qu’il y a autour de moi » à « je suis devant l’inconnu, je dois me reconstruire ». C’est une histoire parmi des milliers et des millions d’autres semblables. Encore aujourd’hui, on se rend compte que des centaines de milliers de gens vivent ce genre de drame. Toutefois, cela forme et influence énormément la personne que vous êtes, dès lors que vous en faites également une école de la vie. Ensuite, on fait des choix d’engagement selon nos valeurs et celles qui nous ont été inculquées. C’est mon cas. Nos parents nous ont élevés avec une idée essentielle : on ne peut jamais être indifférent. C’était ça la règle. Tu dois voir ce qui se passe autour de toi, avoir un point de vue et savoir que tu peux faire une différence. Tu dois t’engager. Il y a l’école de la vie, mais ça, c’est une règle de vie.
En suivant une règle de vie comme celle-là, il y a des choses qui se présentent à vous. Le mouvement des femmes au Québec a été très important. Travailler avec d’autres femmes sur la cause des victimes de violence conjugale, développer un réseau de ressources d’urgence pour elles, faire bouger les lois et les mentalités, travailler sur le plan politique, faire reconnaître aux États leur rôle et leurs responsabilités dans cet enjeu. Ce n’est pas un fait divers ou seulement un problème personnel, c’est un problème de société. Et c’est politique.
Ensuite, il y a aussi des choix plus personnels comme le type d’études que j’ai choisi. J’ai voulu aller au-delà de mon histoire, de ce que je savais et de moi-même. J’ai choisi des études de langues en littératures italienne et hispanique. J’ai choisi avec le cœur et la passion. C’est ce que je dis toujours!
Ce n’est pas un plan de carrière, mais plutôt de toujours être sur le fil rouge de nos convictions et de nos passions. Je dis toujours ça aux jeunes femmes que je rencontre. Ne pas se dire « je vais faire tel type d’études, car cela va m’amener tel type de boulot ». Il faut d’abord faire quelque chose qu’on aime, aller au fond de cette chose et vous verrez, cela vous emmènera là où vous ne vous attendiez pas. Ça, c’est extraordinaire!
Pour moi, rien n’est banal; quand je m’engage dans quelque chose, je le fais pleinement. L’étude de la langue italienne m’a amené à enseigner la littérature italienne à l’université. Qui attend quelqu’un comme moi dans une classe de littérature italienne? En Italie, lors de concours, les gens n’en revenaient pas qu’une femme comme moi, haïtienne, s’intéresse à Dantes! Pour moi, le savoir n’a pas de frontière.
Quel était votre rêve, enfant?
La question est intéressante, car dès lors qu’on vit ce que j’ai vécu, nous ne sommes plus capables de penser à long terme. On a vécu une rupture tellement brutale. Quand je retourne en Haïti et que je vois des femmes de ma génération, je sais qu’il y avait une histoire bien tracée pour elles. Moi, je n’ai pas eu ce sentier. J’ai été déracinée, forcée de partir comme des milliers d’autres, mais je me souviens d’où je viens. Quelque chose m’a toujours fascinée quand j’observe les gens : la continuité dans les gestes liés au quotidien et aux lieux.
Je ne me suis jamais dit « un jour, je serai Secrétaire de la Francophonie ou Gouverneure générale du Canada » ou un jour je ferai de la politique. Par contre, j’ai tout pour y aller : j’ai un point de vue, j’ai des engagements, j’ai un regard sur le monde. C’est ainsi que je suis devenue journaliste.
Mais quand je dis oui à Radio-Canada, je dis oui comme militante et non parce que je rêve d’être journaliste ou d’être à la télévision. À ce moment-là, je trouve que la télévision ne représente pas la réalité. Nous vivons dans un monde cosmopolite, riche en diversité, mais quand on regarde Montréal ce soir à la télé, ça ne ressemble pas à Montréal, la ville de la rencontre des cultures. Il y a de la diversité partout.
Après avoir écrit des articles sur la chute de Duvalier et participé à un film de l’ONF qui m’a replongé au cœur de la crise en Haïti, Radio-Canada m’approche pour devenir journaliste. Tout de suite, je m’engage pleinement et je veux que les choses changent. Qu’il y ait une meilleure représentation de la population à la télévision. Cet univers-là ne vous fait pas de cadeau et il faut le traverser.
Comment ça se passe quand on est une femme? Et une femme noire?
Être une femme dans un milieu aussi misogyne de boys club, qui plus est une femme noire, n’est pas facile. Le journalisme est là pour éclairer les esprits et aider à une meilleure compréhension des choses et du monde pour faire des choix plus éclairés. La première chose qu’ils m’ont proposée fut de tenir une chronique sur les communautés ethniques. J’ai refusé. Souvent, le réflexe est de dire « wow je suis rentrée chez Radio-Canada! Je vais faire tout ce qu’on va me dire de faire », mais j’ai dit non; par convictions. J’ai une sensibilité face à leurs problématiques et je les ai aussitôt rassurés sur le fait que je pourrais parfois proposer des sujets les concernant, mais je ne serai pas la journaliste ethnique. Je veux parler de tout. De ce qui se passe à Val d’Or, à Chicoutimi. Je veux aller là où les journalistes de Montréal ne veulent pas aller. Je suis journaliste à part entière ou je ne le suis pas. C’est la société et le monde dans lequel je vis qui m’intéressent. Mais non, je ne serai pas l’ethnie de référence!
Moi je suis toujours en mode combat, c’est dans ma personnalité et ça dit quelque chose. Vous avez une façon d’écouter, de rendre compte, de parler... vous avez une sensibilité. Vous n’oubliez jamais d’où vous venez.
Donc, après Radio-Canada, arrive un jour cette approche. On veut me rencontrer. On me demande de servir. De porter quelque chose de plus grand que moi. En même temps, même en tant que journaliste j’ai toujours eu conscience que je parlais aux gens. J’avais envie de transmettre un message et j’espérais que les gens allaient se l’approprier. J’ai beaucoup aimé pratiquer le journalisme comme ça.
Est-ce que le journalisme vous manque?
Pas vraiment, car le journalisme est un espace où l’on parle d’évènements qui sont près de nous, mais on projette également les messages sur une dimension plus large, internationale, universelle. Mais quand je deviens Gouverneure générale, je me retrouve au cœur de la matière. Je suis encore un témoin privilégié, mais aussi un acteur à un autre niveau.
J’ai l’impression que dans votre parcours, vous êtes toujours une porteuse de message, mais à plus grande échelle.
Oui, je pense que le message principal c’est « l’impuissance n’est pas une option, l’indifférence n’est pas une option ». On ne peut pas être indifférent et on doit lutter contre le sentiment d’impuissance parce qu’on peut toujours, rien n’est impossible. Il y a un mot en anglais pour ça et c’est empowerment. Donner du pouvoir à l’autre pour qu’il soit conscient de sa capacité d’agir. Le sentiment d’impuissance est un sentiment destructeur.
Mon père a été torturé, on a fui la répression, la mort... mais si on se sent impuissant, on devient une victime et dès lors, c’est fini. Vous savez, tous ces gens qui prennent la mer ou traverse le désert. Certains meurent en route ou en méditerranée. Des gens de partout. Si jamais ces gens se sentaient impuissants, ils ne pourraient même plus mettre un pied devant. Ils seraient paralysés. Qu’est-ce qui les pousse? Un instinct de survie. Je déteste le mot résilience, car ce n’est pas ça. La résilience c’est comme si on était fait pour le malheur, mais qu’une sorte de ressort nous permettait toujours de tenir, même dans le pire. Je pense qu’il s’agit plus d’une volonté de survie qui fait que même si cela fait des kilomètres, tu te dis, je ne peux pas reculer, je dois avancer. Les gens qui ont survécu aux camps de concentration étaient comme ça. Ce n’est jamais fini.
Je pense venir d’un lieu où cela fait partie de la fibre, de notre ADN. On a dû surmonter 400 ans d’esclavage, on a dû s’affranchir par nous-mêmes, on a dû se reconstruire. C’est pour ça qu’en Haïti, on ne se suicide pas. D’ailleurs, se suicider, en créole c’est « tuer ta tête » (tué tatou). Et la raison est dans notre tête, avec toutes les stratégies pour survivre. On ne peut pas tuer ça. Alors que dans nos sociétés matérialistes et individualistes, il y a un manque de sens. On n’est pas dans l’être, on est dans l’avoir. Or ça, ça rend impuissant. Quand tu n’as pas, tu n’existes pas. Dès lors, plus rien n’a de sens. Au moindre écueil, on a l’impression que la vie est finie. On a de la difficulté à surmonter les épreuves.
Accompagner des femmes qui vivent la violence conjugale a été une superbe école pour moi. Des femmes qui, par leur vécu, se retrouvent en situation de déconnexion totale avec elles-mêmes. Ces femmes doivent retrouver leur dignité, la conscience de qui elles sont et de ce qu’elles peuvent faire. C’est une lumière de conscience.
En même temps, il faut avancer sans trahir les valeurs qui nous portent.
Au niveau de la Francophonie, comment se porte la condition de la femme? Et comment les femmes peuvent-elles regagner leur pouvoir (dans le sens de l’empowerment)?
La situation de la francophonie est à géométrie variable.
Par exemple, nous, femmes du Nord, par les combats qui ont déjà été menés pour la conquête des droits des femmes, on a l’impression parfois que les femmes des pays plus en développement sont complètement désarmées. Mais moi il y a une chose formidable que je vois : bon sang, elles ont un courage fou. J’ai une anecdote. Alors que j’étais à la rencontre de femmes de l’Afrique de l’Ouest, l’une d’entre elles me demande : « êtes-vous pour la condition des femmes ou êtes-vous féministe? » Et moi je dis « je suis féministe, parce que le féminisme est un mouvement de prise de conscience devenu universel ». Et elle me répond : « il faut le dire! Il faut le dire! Je suis féministe! En ce moment, on dirait qu’on est gêné de le dire. » C’était une femme d’Afrique de l’Ouest, avec son petit voile sur la tête, qui parfois glisse et qu’elle remet délicatement. Elle est musulmane et me dit que je dois le dire que je suis féministe.
Ces femmes mènent des combats qu’on ne peut pas imaginer. Pour le respect de leur intégrité physique et psychologique. La non-mutilation de leur corps, leur droit de se déplacer, la reconnaissance de leur travail. Sans cesse, elles sont au labeur; elles travaillent comme des dingues. C’est fou! Elles doivent affronter des barrières constamment.
Quand je vois ces femmes-là qui mènent ces combats et que je repense à cette fille de Montréal qui m’a dit « non, moi je ne suis pas féministe, on a plus besoin de ça » et qui en même temps banalise la sexualisation du corps de la femme et du sien. Je me dois de lui rappeler qu’elle avance avec un chemin bien balisé, avec des acquis qui peuvent lui permettre d’aspirer à autre chose, mais qu’elle ne doit jamais se dire que c’est fini. Qu’elle doit faire attention, car le jour où elle vivra une grosse épreuve, elle se retrouvera sans moyen! Le combat du respect de la femme n’est jamais fini. Je lui ai dit : « le jour où tu te retrouveras en situation d’iniquité salariale ou de harcèlement sexuel, ce combat tu devras le porter »
Malheureusement, cela reste encore des réalités auxquelles nous sommes toutes exposées. Mieux vaut avoir une conscience bien installée pour que cela devienne un réflexe pour mieux réagir. J’ai appris grâce aux femmes victimes de violence que la première chose à faire est surtout de ne pas s’isoler. Il ne faut pas être seule là-dedans. Il faut en parler autour de soi. Pour soi, mais aussi pour protéger les autres.
La Francophonie, qui regroupe cinq continents et beaucoup de réseaux de femmes, effectue un travail très politique pour le respect des droits et libertés des femmes sur beaucoup de champs d’action : éducation, les droits, culture, politique, les questions de lutte contre le terrorisme, les questions de la jeunesse, du numérique. Mais sur la question des femmes, la Francophonie nous offre une plateforme formidable pour nous rassembler et établir des liens et des stratégies entre nous toutes, peu importe d’où nous venons. Le but est de mettre en commun nos bonnes pratiques afin de permettre à d’autres de gagner du temps. Par exemple, échanger sur le réseau de refuges pour femmes violentées mis en place au Québec avec des femmes à Bucarest peut aider à monter son propre réseau.
Selon vous, quel serait le rôle des hommes dans ce combat?
Ah, il est énorme! Il est fondamental. Une chose que je trouve formidable, sur par exemple la question des mutilations génitales, c’est qu’il y a des hommes alliés aux femmes dans ce combat-là. Et une grande partie des médecins qui réparent les femmes sont des hommes. Ils trouvent ça ignoble et ils participent au combat. On retrouve aussi des hommes au niveau décisionnel qui peuvent faire bouger les lois et faire avancer les choses. Les femmes ne demandent pas mieux que des hommes soient des alliés aussi combatifs qu’elles le sont elles-mêmes. Un bon exemple de chez nous est le docteur Morgentaler qui a pris tous les risques y compris celui d’être assassiné pour permettre le libre choix des femmes.
Sur la question des conseils d’administration ou du milieu politique, beaucoup d’hommes commencent aussi à réaliser que sans les femmes il y a un déficit de perspective, d’idées et de participation.
En même temps, ces engagements liés à la carrière font un peu peur aux femmes. Comment fait-on pour concilier le travail et la famille?
D’une part, je pense qu’il faut une négociation claire avec son conjoint. Je pense que si je n’avais pas un mari solidaire qui est un allié, je n’y arriverais pas. Il y a des hommes qui commencent aussi à découvrir les plaisirs liés à leur rôle dans la famille. Le plaisir de cuisiner, de participer à toutes les tâches domestiques, d’être plus présent pour les enfants.
Peut-être que certains hommes ne demandent que ça, mais qu’ils se sentent pris dans leur contexte social!
Oui, et il faut que les femmes lâchent prise un peu.
Moi j’ai vu un changement par exemple chez Radio-Canada, quand de jeunes techniciens venaient me montrer des photos de leurs bébés et me racontaient que leur nuit n’avait pas été facile. Ce sont eux qui se levaient. Je pense qu’il y a une nouvelle génération qui va peut-être faire changer les choses.
J’ai confiance, mais il ne faut jamais oublier que c’est un travail de tous les instants. Aussi, il ne fait pas oublier que c’est nous les femmes qui transmettent les valeurs et c’est nous qui élevons nos fils et nos filles. Notre rôle est très important. Dès qu’ils vont entrer dans le corps social, un certain conditionnement va s’installer. Il faut donc leur donner des éléments qui vont leur permettre de combattre ce conditionnement. D’avoir un esprit critique. Il faut être proche de ce qui se passe dans leur vie et à l’école, s’impliquer et suivre ça de près.
Moi, malgré toutes mes responsabilités, je n’ai pas arrêté de m’impliquer.
Ma fille avait 6 ans quand j’ai été nommée Gouverneure générale. Et c’est quelque chose qui l’a beaucoup marquée.
Ça doit être quelque chose pour une adolescente d’avoir une mère emblématique. Vous propulsez un message très fort. Dans l’optique où l’on se compare beaucoup à ses parents, cela doit être difficile pour elle, non? Et la pression de la maman là-dedans?
Oui, ce n’est pas facile pour elle.
Comme mère, on a des deuils. Des fois, on a l’impression d’en avoir échappé quelques-uns... d’avoir manqué de temps. Il faut vivre avec, même si parfois on ne se les pardonne pas.
Savoir que ta fille passe un examen important, qu’elle est très stressée, mais que toi tu dois partir en mission sans lui dire où tu vas pour ne pas l’inquiéter, car là où tu vas ce n’est pas évident. Ça prend beaucoup de doigté pour la rassurer et me rassurer moi-même. Mais en même temps, on doit toujours faire des choix et se demander « où aurais-je dû être? ».
Mais c’est une école aussi pour l’enfant. Ma fille apprend de mon courage et de ma témérité. Quand j’ai des deuils, je pense aux situations où ma fille me dit : « tu sais maman, l’autre jour, je n’étais pas d’accord et j’ai répondu ce que toi tu aurais répondu ». Dans ce temps-là, il y a une validation de mes choix, elle apprend de moi.
Quand je pense à ce que je dois faire, je le pense aussi en fonction d’elle, pour elle.
Elle apprend que dans la vie, il existe des principes, des convictions et des engagements. Elle construit aussi son univers de convictions. Parfois, elle nous passe même des idées! Par exemple sur la campagne Libres ensemble qui est une plateforme pour tous les jeunes de l’espace francophone pour se rassembler autour de leur attachement à des valeurs. Quand on dit « libres » au pluriel et « ensemble », c’est immense. On a été très surpris de toucher autant de jeunes en si peu de temps. On dépasse le cap des 3 millions sur Internet. Les jeunes se sont emparés de la plateforme! Il y a un appétit pour ça, les jeunes en ont besoin.
Mettez-vous à leur place; chaque fois qu’il y a un attentat et qu’on identifie les terroristes... quel âge ont-ils? Ils sont très jeunes. Et ce sont des jeunes qui sont visés dans le recrutement de terroristes.
Alors le succès de la plateforme Libres ensemble témoigne d’un besoin de communiquer entre eux, de dire « moi le monde dont je veux n’est pas celui-là ». C’est un besoin de liberté et de vivre ensemble.
Ma fille était ici lors de l’attentat du 13 novembre et pas très loin des points d’attaque. Le lendemain, quand on en a discuté, elle me dit « mais maman, il faut faire comprendre et montrer que ceux qui prêchent et pratiquent la haine de l’autre, se battent pour une cause perdue, nous somme beaucoup plus nombreux à penser le contraire. Nous sommes des centaines de millions maman, même des milliards. Sauf qu’il faut qu’on ait la possibilité de le dire et de le montrer. »
Ma validation était là, celle que cette plateforme était une bonne idée. Et c’est une enfant de 15 ans qui me le disait: « Maman, nous avons la force du nombre ».
La force du nombre et la force des mots.
C’est uniquement en unissant nos forces que l’on va pouvoir changer le monde.
Les idées et les mots peuvent changer le monde
Exactement.
Quand on a un parcours comme le vôtre, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter?
Je suis quelqu’un de très impatient. J’ai un rapport à la vie qui me dit de ne rien reporter à plus tard. Quand on se mobilise, on se mobilise là maintenant. Puis, peu importe si on se trompe sur certaines choses, l’important est de garder le cap et de savoir prendre des risques.
Alors, qu’est-ce que vous pouvez me souhaiter? Peut-être des plages de calme et de sérénité? Parce que pour faire ça il faut en avoir.
Vous êtes très courageuse, merci d’exister!