Je suis une funambule. Toute ma vie est alignée, enchaînée un pas devant l'autre: c'est ma seule possibilité. Tout est planifié pour que mes pieds avancent l'un devant l'autre, sans regarder derrière ou de chaque côté. Je n'ai qu'un seul but, les yeux rivés droit devant. Une simple hésitation viendrait tout débalancer.

Un pied devant l'autre, doucement.

Et si je voulais sauter, danser, crier? Me libérer de tout, voler. Et si ma seule envie était de perdre le contrôle. Partir avec ce coup de vent qui décoiffe mes cheveux et qui sent l'été.

Je suis une funambule; c'est tout ce que je connais. Mais le vent, mais la pluie puis le soleil.

Et si je perdais le contrôle? Et si j'étais sur ce fil, dans le vide, et que j'avais envie d'aller à gauche plutôt que droit devant? Et si j'avais envie de regarder le soleil se coucher plutôt que de continuer?

Et si l'équilibre n'était plus une option? Dis-moi ce qu'il resterait à une funambule suspendue sur une fil de fer.

La vue sur un fil de fer est magnifique et les paysages à couper le souffle, mais la marge d'erreur est minuscule. Un seul faux pas et c'est un saut en chute libre.

Je pourrais mentir et me tenir droite, mais la vérité c'est que cette musique me donne envie de danser. La vérité c'est que j'ai peur. La vérité c'est que j'en suis terrorisée. Mon coeur bat à tout rompre. Mes yeux veulent tout voir. Ma tête me dit de me perdre et de tout oublier.

Et sur mon fil de fer, en équilibre, j'ai envie d'y croire et j'ai envie de fermer les yeux et de danser.

 

Révision: Josée Goupil

J’ai toujours adoré écrire, un peu comme une passion, mais plutôt comme un besoin. Je peux jouer avec les mots, les effacer, leur donner le sens que je veux; ils dansent sur la feuille sans que j’aie trop à y penser.  Les mots peuvent tout dire sans rien dire, avec ou sans mensonges, en ordre ou en désordre. Ils m’aident à trouver un sens, à éclaircir le brouillard. Ils me permettent de garder espoir. Alors, si j’avais à me décrire en quelques mots, je choisirais ceux-ci.

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