On aime s'impliquer. On aime passer à l'action. On aime donc lever la main quand on demande qui a de l'intérêt et veut donner du temps pour faire des réunions, des comités.
J'ai toujours été émerveillée par les gens impliqués. Ceux qui font parti de conseils d'administration, de tables de concertation, de comités et sous-comités. Je trouve que ça démontre un certain pouvoir, une certaine qualité qui fait de nous des êtres importants, des influenceurs plutôt que des influencés.
J'ai donc été une leveuse de main, dès qu'on me l'a offert, flattée, voir épatée qu'on me demande à moi, petite moi, mon avis, et que celui-ci importe, rapporte à la communauté.
Je parle au passé, mais je ne devrais pas. Je sors tout droit d'une réunion de comité!
J'adore rencontrer des acteurs de notre communauté, en apprendre sur les rouages et les engrenages qui font rouler les différentes sphères de nos vies.
J'en apprends aussi sur moi-même... Et particulièrement sur mon impatience. J'ai des idées, et je n'ai pas de difficulté à les faire entendre. Je suis intense. Je parle fort. Je veux tout de suite passer à l'action.
Et c'est là que ça se gâche:
J'en ai donc marre de la réunionnite!
J'en ai marre que rien ne semble avancer.
Que tout prenne autant de temps!
Que l'on travaille si fort, pour arriver à tourner en rond, pour découvrir que nos projets ont déjà été réalisés il y a belle lurette et que le tout s'est perdu après un changement administratif quelconque...
Dans ces moments-là, à siroter mon café froid dans une salle de réunion glauque, j'ai l'impression que l'humain est perdu, que notre bon vouloir à tous est mal investi, que ça irait plus vite tout seul.
Pourtant, on est tous là, autour de la table. On veut bien faire, on est énergique, on veut mieux pour notre communauté, notre société. Mais le bateau, le paquebot, la montagne à voilure que l'on essaie en vain de réaligner dans une nouvelle trajectoire, semble immuable.
C'est peut-être moi le problème. J'ai toujours le syndrome de l'imposteur quand je me présente sur un comité. Le sentiment d'être une enfant dans un monde d'adultes, de savants, de grands. Qui suis-je pour avoir ce pouvoir de décideur, moi, petite moi?
La réunionnite n'est-elle justement pas due au fait qu'autour de la table, à chacune de ces réunions, nous sommes tous des enfants passionnés qui tirent notre bout de doudou? On veut tous le mieux, on s'investit tous en temps et en énergie, mais croyons-nous vraiment la tâche réalisable? Devons-nous choisir un camp? Soit enfants, positifs et irréalistes, ou mature et réalistement blasés...
Il faut tout un village pour élever un enfant, dit le dicton africain. Faut-il autant de gens, de temps et de comités pour faire bouger le monde?
Révision: Josée Goupil