*** ATTENTION, CE TEXTE COMPORTE UN LANGUAGE VULGAIRE ***
Une femme, ça se commande comme une pizza: les mecs choisissent la couleur des cheveux, la race, la taille, la grosseur des seins et les options: fellation, anal, full GFE (girl friend experience - la fille fait comme si elle était super amoureuse, genre). Un vrai buffet de femmes.
''Pour 60$, tu peux en avoir une laide, mais pour 140-160$, tu peux t’envoyer en l’air avec une sacrée chick (c’était pas mal plus vulgaire que ça dans le documentaire…) qui aime le sexe en plus'' (yeah right, tu vas être son 14e client de la journée….penses-tu vraiment qu’elle jouie pour vrai?)
''Après chaque client, je dois me laver, me mettre super belle et agir comme si je couchais avec le mec pour la première fois...comme s’il était le premier homme de ma vie'', avoue une ex-prostituée qui travaillait 12-16 hres par jour dans des hôtels de luxe partout en Amérique du Nord.
Ces paroles, je les ai entendues dans le documentaire Le Commerce du Sexe de Ève Lamont que Mme Rose Dufour, fondatrice de la Maison de Marthe, nous a invitées à voir avec elle.
Des paroles de clients, de proxénètes, de travailleuses du sexe, de policiers...de vraies paroles. Simples et criantes de vérité.
Ce documentaire qui expose de manière tout à fait clinique la réalité du commerce du sexe n’est pas là pour nous faire brailler. Non. Mais pour nous montrer la réalité, l’immensité et le grotesque d’une des plus grosses industrie du monde.
J’en suis sortie ébranlée. ''Shakée!'' Et je n’avais qu’une question en tête: qu’est-ce qu’un être humain? qu’est-ce qu’une femme?
Une prostituée, aux yeux de la société et des hommes qui les ''achètent'' ne sont pas de vraies personnes...de vrais êtres humains. Elles sont une marchandise pure et simple. Elles sont payées pour de multiples raisons: pour faire croire aux hommes ordinaires qu’ils sont séduisants, qu’ils ont du pouvoir, qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils désirent d’une femme, qu’ils ont enfin le droit de venir autrement qu’en se crossant.
On paie donc c’est correct. La prostituée n’est pas une femme comme les autres. Elle n’est pas vraiment une personne en fait. Elle est comme une pizza.
Avant de la commander, on peut même la magasiner sur des forums et des sites où les hommes notent les filles. C’est la mode des communautés faut croire, même dans le sexe. Bien sûr, les hommes restent tout à fait anonymes.
Ensuite, on va la chercher ou on se la fait livrer chez soi. C’est pas ben ben difficile; juste à Montréal, il y a près de 200 salons de massage, 40 bars de danseuses et beaucoup beaucoup de prostituées qui oeuvrent seules ou la plupart du temps au service d’une gang de rue ou d’un proxénète. Au prorata, Montréal est l’endroit en Amérique du Nord où il y a le plus de vente de femmes. Oui, vente de femme. Parce que c’est ce dont il est question ici. Welcome in Québec! Aye on a de quoi être fiers.
Le pire, et la vérité, c’est que tout le monde s’en fout.
En cachette, chez nous, on va tous à un moment donné dans notre vie sur des sites porno et on se gâte un peu. On fait de mal à personne. Encore une fois, on pense que c’est vrai ou bien que c’est fait dans les règles de l’art.
Selon un producteur de film porno: ''Des fois, des scènes sont plus difficiles à tourner et plus longues aussi. Quand une fille tourne avec 8 gars, elle a beaucoup de pénis à s’occuper, alors parfois quand elle a les larmes aux yeux, on prend une pause''.
La porno a beaucoup évolué au fil des ans. On trouve de tout, vraiment. Et à force de regarder ces images de plus en plus intenses, les hommes, jeunes ou vieux, et même les adolescentes, finissent par penser que tout ça est bien normal. C’est l’école du sexe d’aujourd’hui. Mais après, quand une fille ne veut pas faire quelque chose de plus 'hard core' avec son chum, il n’y a que peu d’options pour celui-ci: abandonner l’idée, forcer la fille ou aller voir une prostituée. Quand on paie on a ce qu’on veut, right?
Vous allez me dire que ces femmes sont consentantes et qu’elles se font pas mal de fric. Mais vous savez quoi? vous n’avez pas idée à quel point c’est facile et pernitieux d’entrer dans la prostitution. T’es jeune, tu te cherches, t’as peut-être fugué, un oncle, ton grand-père, ton beau-père ou pire, ton propre père t’as montré plus jeune qu’il fallait que tu prêtes ton corps (85% des prostituées ont vécu des abus dans leur jeunesse)….tu penses que tu vaux rien. Et là soudainement, on t’approche et on te dit que tu es assise sur une mine d’or...que tu vas faire la piasse et que c’est facile.
C’est certain que c’est facile de se faire baiser dans tous les sens pendant 12-16 hres par jour et de faire semblant qu’on adore ça, 6 jours par semaine. C’est facile, on a juste à se geler la face.
Bon j’arrête un peu. Mais ça me trouble tellement. Je suis sortie du film ébranlée parce que moi j’aime ça le sexe. Vraiment. Mais là, en sortant, j’avais mal au ventre. Et je me suis dis que moi non plus je ne faisais rien pour faire changer les choses. J’étais troublée aussi, parce que je me suis mise à penser à mes enfants, à mon fils surtout, qui, adolescent, visionnera peut-être des films porno avec ses chums pour voir comment ça se passe...
Puis, je suis retombée sur une phrase que Rose Dufour a dite:
«La sexualité, c'est trop beau et trop bon pour que ça soit monnayable, ça doit demeurer cette chose exceptionnelle et intime qui unit deux être humains. Les hommes doivent apprendre que le sexe, ça ne s'achète pas, qu'il n'y a pas de femme "marchandable"».
Et j’ai décidé que c’est ça que je vais dire à mon fils. Et c’est ça que j’ai envie de dire à tous les hommes de la terre.
Voici la bande-annonce
Crédit photo: Office national du film du Canada et Les Productions du Rapide-blanc 2015. Tous droits réservés.