Lors de la sortie de Lise Thériault sur le féminisme, la semaine dernière, ma collègue Viviane m’a demandé si je voulais écrire quelque chose sur le sujet.
Je lui ai répondu que ça ne valait pas la peine, que Madame Thériault a répondu comme une politicienne et qu’elle est clairement influencée par sa génération et sa propre perception du féminisme.
Mais que la ministre de la Justice, Madame Vallée, refuse aussi de ''porter l’étiquette féministe'', là je suis déçue. Encore une fois déçue de notre système politique qui refuse de défendre une idée, celle de l’égalité homme-femme par le mot féministe. Je comprends que ce mot fait peur. Il fait référence aux luttes du passée et à toutes les critiques qui l’ont accompagnée. Mais avez-vous déjà oublié, mesdames les ministres, que si vous occupez ces postes aujourd’hui, c’est justement parce que des femmes se sont dites féministes?
Avez-vous oublié, qu’en tant que Québécoises privilégiées, nous sommes des précurseures et que nous montrons un certain exemple au monde entier? Ne savez-vous pas que des femmes ailleurs dans le monde se battent encore pour simplement avoir le droit à l’éducation? Que des femmes se font encore avorter parce qu’elles attendent une fille?
Je n’oserais jamais dire que vos équipes de communication ne vous ont pas bien conseillées, car je crois que vous êtes des femmes intelligentes capables de penser par vous-mêmes. Je me doute bien que vous en avez beaucoup sur les épaules...mais mesdames, en tant que ministre de la Justice et en tant que vice-première ministre du Québec et de la condition féminine, ne croyez-vous pas que cette simple question mérite d’être considérée avec un peu plus de respect?
Ce matin, je tombe sur l’article sur Marie-France Bazzo...et là, pour moi ce fût le coup de grâce. Une grande tristesse et de la colère aussi m’ont rempli le coeur. Bien sûr, chacun a droit à ses opinions, et je respecte ces opinions. Mais quand une femme avec autant de portée médiatique, que j’ai écoutée assidûment pendant des années, dit haut et fort qu’elle n’est pas féministe car elle ne veut être associée à aucun regroupement ou idéologie, ça me brise le coeur. Vous aussi, vous avez oublié les Janette Bertrand de ce monde qui vous ont ouvert les portes. Des féministes Madame Bazzo.
Il n’est pas question ici d’une secte ou d’une religion. Oui, le féminisme peut être défini comme un mouvement, comme du militantisme même. Il est pourtant clair que de plus en plus de gens, hommes et femmes de notre monde civilisé, prennent le temps de redéfinir le féminisme afin qu’il corresponde à notre réalité occidentale. Même si la réalité mondiale en est toute autre.
Le féminisme a un objectif très simple: abolir les inégalités politiques, économiques, culturelles et juridiques entre les hommes et les femmes dans la société. Et si vous me dites que nous avons atteint cette égalité, et bien je vous répondrai simplement: sur quelle planète vivez-vous?
Je suis féministe, avec tous les risques que cela implique.*
*Pour tous ceux qui auraient envie de m’envoyer des menaces quelconques ou des messages haineux, je voudrais vous dire, messieurs, que j’aime les hommes profondément. Plusieurs féministes comme moi n’ont aucunement envie de castrer les hommes ou de les dominer de quelconque manière. Croyez-moi, être féminisme ne veut pas dire être en guerre. Je suis québécoise, j’ai eu le droit d’être pilote d’avion, d’être analyste politique et maintenant d’être entrepreneure. Je n’ai presque pas le choix de dire aux féministes qui m’ont précédée: merci. Et merci aux hommes qui m’ont ont ouvert les portes dans ces milieux si masculins. Merci à mon père, un homme pourtant un peu macho, qui m’a toujours fait croire que je pouvais tout faire, même si je suis une femme.