Se regarder dans le miroir, pour vrai, pas juste en partie, pas juste en vitesse sans vraiment se voir, mais prendre le temps de remarquer l’entièreté de nos traits. C’est rare. C’est dur.
Imprimé dans mon esprit, mon visage a 35 ans. Mes traits, reflétant la fougue d’une jeunesse pas si lointaine, la détermination et l’audace de la trentaine, l’énergie propulsée par l’expérience d’une carrière et d’une vie déjà bien établies. C’est cette femme que je vois encore quand je m’imagine. Puis je sursaute en tombant face à face avec ma vraie réflexion. Celle qui a vieilli, naturellement. Celle qui a changé, indubitablement.
J’ai trois lignes qui sont apparues dans mon front. Trois rides creusées par la vie, où l’on peut lire mon passé, comme le futur dans les lignes de la main. Trois traits qui se sont forgés à force de surprises, de sourcils qui se questionnent, d’ouverture des yeux et de l’esprit à la nouveauté, aux défis. Trois plis, profonds, trois creux de vague, de vie, comme des vallées où je me suis échouée pour mieux remonter.
J’ai de la difficulté à les accepter, à les regarder en face, à les voir pour ce qu’elles sont : la progression d’une vie. Je préfère écrire plutôt que lire ma vie entre les lignes dans mon front. Et pourtant, sans cette vie, je n’aurais rien à écrire. Ces rides que j’ai méritées, j’essayerai de les regarder en face et de les célébrer.
Révision: Josée Goupil