La rentrée est déjà bien amorcée et tu es déjà écœurée de ta vie. La routine te prend en otage avec ses mêmes routes encombrées, collègues ternes, couloirs gris, horaires établis. Tu rêves de prolonger les vacances, de partir loin d’ici. Tu t’imagines une autre vie… Sans le grand froid incessant et où la possibilité de te redécouvrir toi-même réapparaît.
Mais voilà, tu as une hypothèque, un REER, des enfants, un mari, des amis, des parents et j’en passe; c’est bien trop compliqué ! Tu n’oserais jamais faire une chose pareille! De toute façon, ta famille et tes amis te raisonneront assez vite et t’expliqueront que c’est bien trop compliqué. T’es folle. D’ailleurs, tu ne viens pas juste de revenir ?
Tu crois tellement fort à ton projet que petit à petit avec l’aide de la visualisation, tu commences tes démarches. Une journée à la fois. Tu t’organises pour te faire transférer, tu envoies des CV, tu passes des entretiens et bingo : un jour, tu décroches le poste dans une autre ville, un autre pays. Tu y as cru tellement fort que tu as réussi tes entrevues et convaincu ta famille à s’aventurer.
Des embûches, tu en rencontreras et souvent ta petite voix intérieure te parlera afin de te dire: «Mais qu’est-ce que tu fais là? Tu ne vendras jamais ta maison, tes enfants vont s’ennuyer de leurs amis. Là-bas, les gens pensent pas comme nous, ils ont tous des fusils et votent pour Trump! Pire encore, tu affronteras les critiques de ta famille proche qui essaiera de démolir la confiance et l’engouement pour ton projet. Tu vas pleurer, sacrer et en passer des nuits blanches à planifier.»
Une fois arrivée dans ce nouveau pays, tu n’y seras pas vraiment, du moins mentalement. Tu vivras un petit choc, semblable à un petit accident de voiture. Bizarrement, tant que tu n’auras pas rempli ton frigidaire de denrées alimentaires, tu ne seras pas vraiment arrivée. La beauté dans tout cela, c’est quand tes enfants lèveront la main à table pour attendre leur tour afin de pouvoir te raconter leur journée palpitante, mais oh! combien différente. Seulement là, tu te diras que ça en valait la peine. Ou quand tu iras voir un match de football dans un stade de 60 000 places, que tu découvriras plein de nouveaux restaurants, de supers compagnies où tu rencontreras des gens ouverts d’esprit, tu seras alors très fière et enjouée d’avoir pu concrétiser ton rêve d’avoir osé changer de vie et ça, ça donne de l’énergie.
Révision: Josée Goupil