Ces temps-ci, je vois au moins une fois par semaine un message du type « pour échouer, il s’agit simplement d’abandonner avant d’avoir réussi », « la dernière clé est celle qui ouvre la porte » ou carrément « ce qui différencie le 3 % du 97 % est la persévérance » ou un truc du genre. Tous les jours, on nous martèle que seuls les looser abandonnent.

Et bien, je vais vous dire quelque chose. J’en ai marre de cette bullshit. Tout ça, c’est faux. En fait, la plupart des gens que je connais qui ont vraiment    « réussi » (soit financièrement, soit au niveau du bonheur, ou les deux) ont dû abandonner quelque chose dans leur vie.

Abandonner une job plate, abandonner une business, abandonner un couple, abandonner un pseudo rêve.

En fait, abandonner peut aussi vouloir dire de passer à autre chose, de lâcher prise, de « just move on, darling ».

Pas mal de gens trouvent que j’ai un parcours intéressant, trippant en fait (bon, moi je le trouve un peu excentrique, mais il faut s’accepter right?). J’ai toujours voulu vivre ma vie comme un film (un film d’action, idéalement français).  Mais pour tout vous dire, aucune vie n’est réellement excitante si l’on n’abandonne rien et qu’on persévère à tout prix. Au mieux, elle mène à une vie de dépressif qui se lance dans le sexe, drogue et rock and roll. Vous voulez vraiment ça?

Imaginez ne jamais abandonner la job que vous haïssez. Imaginez rester avec le même amoureux toute votre vie sous prétexte qu’il faut tenir bon et que les beaux jours reviendront. Imaginez ne jamais vendre ou laisser aller votre entreprise parce qu’il ne faut surtout pas lâcher. Au pire, il y aura le burn-out ou les pilules. J’en connais tellement de gens qui frôlent la dépression parce que surtout, il ne faut pas lâcher. Que bientôt tout ira mieux. Que forcément les choses s’amélioreront parce que la roue tourne et que la pluie fait place au beau temps. Vraiment?

Eh bien, mes chers amis, tout ça, c’est de la bullshit. Rassurez-vous, moi aussi j’ai failli me faire prendre. J’en ai lu et relus des citations de ce genre-là (en plus de mon fil Facebook qui me rappelle sans cesse les vertus de la persévérance extrême!). Comme je suis une âme rebelle, je me sens à l’aise de vous dire ça, mais combien de gens je vois toutes les semaines, écrasés par le poids de la performance, celle de « tougher » le plus possible, celle de montrer aux autres qu’on est plus fort qu’eux?

Perso, je ne suis pas plus forte que les autres et je n’aspire pas à cette souffrance limite imposée de la persévérance à tout prix. J’aspire au bonheur. Simplement.

Imaginez deux secondes que vous allez mourir dans un an. Allez-vous vraiment persévérer dans une entreprise qui vous bouffe 90 heures par semaine et vous fait vivre de l’insomnie? Allez-vous rester dans un couple qui vous fait souffrir ou dans votre job que vous détestez, mais qui vous fait vivre? Imaginez qu’il vous reste une seule année de vie. Allez-vous vous dire « allez, ne lâche pas la patate, persévère! Ça vaut le coût! »? En une fraction de seconde, tout perd son sens. Avouez-le!

Je vais très bientôt avoir 37 ans et je réalise aujourd’hui plus qu’avant que l’important n’est pas la destination, mais le processus. Le moment présent. Right fucking now. Demain est un autre jour.

Je comprends l’importance d’avoir des objectifs. Je comprends ce que ça veut dire persévérer. Mais il ne faut pas oublier que l’essentiel est d’être heureux dans la vie, aujourd’hui, cette semaine ou ce mois-ci. Oui, vivre sans regret. Mais il ne faudrait pas regretter de ne pas avoir vécu sous prétexte de ne pas abandonner!

Si je n’avais jamais abandonné l’aviation, je n’aurais jamais rencontré mon mari, le père de mes enfants (qui ne seraient pas mes enfants), je n’aurais jamais travaillé dans un think tank de fou à Ottawa et mon mari aurait passé à côté de gens qui sont devenus de meilleurs amis, des frères et sœurs. Si je n’avais jamais abandonné ma permanence à Ottawa, je n’aurais jamais démarré Atelier ëdele, d’où j’ai énormément appris et qui m’a permis de rencontrer des gens absolument fabuleux qui ont marqué et continueront de marquer ma vie ici et en France. Je n’aurais jamais cofondé Femmes Alpha, et vous n’auriez jamais lu ce billet. C’est fou, non? Et pour vous dire la vérité, je continuerai de renoncer à des choses, projets ou personnes qui n’ont plus leur raison d’être dans ma vie.

Abandonner a des vertus, mes amis. Et c’est parfois encore plus difficile que de persévérer.

Souvenez-vous du plus important : au bout du compte, c’est de faire des choix pour être heureux dans notre vie maintenant, d’être en accord avec qui nous sommes profondément, et de ne pas avoir le regret d’être passé à côté de quelque chose. Parfois, cela signifie qu’il faut abandonner certaines choses qui ne cadrent plus avec notre vision ou avec qui nous sommes réellement.

Et puis, qui sait, un jour, il peut nous arriver de tomber sur une personne, un projet ou une job qui fait battre notre cœur au plus haut point et qui nous donne envie soudainement de persévérer encore et encore.

 

Révision: Josée Goupil

Je suis co-fondatrice d'Atelier Ëdele, une entreprise de literies en coton biologique pour les enfants avec une forte philosophie d'engagement social. Je contribue également depuis peu au club des petits déjeuners comme co-organisatrice d'un événement d'envergure. Au sein de la communauté Femmes Alpha, je joue le rôle d'éditrice en chef et idéatrice. Ayant déjà fait quelques changements de carrières, passant de pilote d'avion à analyste politique à entrepreneure, je peux affirmer être une femme guidée par ses passions profondes et qui aime l'aventure! Comme vous, je désire laisser une empreinte positive dans la société et inspirer d'autres femmes à suivre cette voie. Ah et je suis également mère!

 

joelle@femmesalpha.com

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