Je dois l’avouer, quand on m’a recommandé de faire une entrevue avec Mériane Labrie, la femme derrière les galettes de Madame Labriski, j’ai dit oui sans trop savoir de qui l’on me parlait! Et au même moment, j’avais une demande sur LinkedIn de cette fameuse Mériane Labrie à rejoindre son réseau, que j’ai acceptée aussitôt me disant qu’il n’y avait pas de hasard dans la vie! Quand j’ai fait mes recherches et que j’ai découvert l’univers original de cette Madame Labriski, je suis tombée sous le charme, sans même avoir jasé avec la vraie Madame Labriski!
MAIS C’EST QUI MADAME LABRISKI?
“Madame Labriski, c’est moi, avec mes lunettes noires de Madame Labriski! Quand j’ai fait une recherche pour le nom du blogue, j’ai hésité entre plein de noms, mais moi je fais ça dans la vie, de l’idéation de produit, donc je voulais donner une espèce d’aura de Madame Polonaise dans sa maison qui fait de bons biscuits santé et je voulais un clin d’œil à mon nom de famille Labrie. ”
La jeune mère en affaires originaire de Saint-Agapit, dans Lotbinière, a travaillé 15 ans dans les agences de publicité. “ À un moment donné, je sentais que je ne m’envolais pas. Je suis une marathonienne et je crois que tout est possible dans la vie. J’étais super bien payée, mais j’étais malheureuse et c’est mon chum qui m’a dit : “Trouve-toi un projet on the side Mériane.” Donc, en tant que marathonienne, je faisais attention à ce que je mangeais, mais je voulais trouver des affaires pour me gâter. Je ne trouvais rien. Je suis un petit peu “grano” et ça coûte cher des aliments super santé. Mes collègues me disaient : “Tu trouves vraiment ça bon?”
C’est en cherchant pour elle-même des recettes santé au bon goût qu’est née Madame Labriski. “Ils disent que c’est santé, mais dans les ingrédients, il y a une tasse de beurre ou une tasse de cassonade? Parce qu’ils mettent de l’avoine, ils disent que c’est santé! Euh, c’est une joke? Je me suis donc mise à faire des tests.”
Après un certain temps, Mériane a obtenu des résultats savoureux et elle a mis en place son blogue. “Madame Labriski, le blogue, a eu 3 ans en octobre dernier. Avant que le blogue naisse, j’étais en recherche et développement, je faisais des tests pour moi avant tout. Dans mon congé de maternité, j’ai fait plein d’essais, ce qui fait qu’à la fin, j’avais 70 recettes. Je voulais faire un livre, mais je me disais : ‘Qui est-ce qui va me croire avec mes recettes de purée de dattes?’ On était en 2012 et j’ai lancé le blogue pour voir s’il y avait de l’intérêt.”
Ce n’est pas sans certaines craintes que la femme d’affaires a accepté de mettre ses créations culinaires sur Internet. “Sur le coup, j’avais peur de donner mes recettes. Mais je me suis raisonnée. Et j’y ai mis beaucoup de temps pour arriver aux résultats que je voulais pour le blogue. Au début, je voulais sortir une recette par semaine, mais comme je fais tout, de la recherche aux tests, ça vient vite 4 recettes par mois! Au début c’était long, mais après 3 ans, ça va plus vite!”
Madame Labriski, ce n’est pas que des recettes santé et bonnes au goût. C’est une mission d’éducation que Mériane s’est donnée. “C’est une belle aventure et ça devient une belle entreprise. Je ne vis pas avec Madame Labriski, c’est du bénévolat. Je suis en mission pour démontrer que manger santé, c’est bon. Quand on met de la bonne énergie dans son corps, on a un meilleur tempérament et on a plus d’énergie pour performer, que ce soit au niveau sportif ou dans sa vie professionnelle.”
Mais tout cela demande du temps et des efforts. Si elle ne vit pas de Madame Labriski, comment fait-elle pour amener du beurre sur la table?
“Dans la vie, on va à l’école, après ça, on se trouve une job sécuritaire et stable. Moi, j’avais une carrière dans le privé et ensuite, j’ai écouté mon cœur. Il y a 2 ans, dans mon bureau où je devais devenir un jour actionnaire, où je faisais mon temps, où je me donnais comme si c’était mon bureau à moi, a fermé du jour au lendemain. Je suis allée travailler pour un autre employeur pendant 4 mois, et là je me suis dit : ‘Là, tu vas partir à ton compte. Tu travailles pour les autres depuis toujours, comme si c’était pour toi, qu’est-ce que tu n’as pas compris encore?’ Donc elle a fondé Madame Labriski qui est pour l’instant son bénévolat, mais elle a aussi parti une agence de communication qui se nomme 21 grammes.
“J’ai lancé 21 grammes, agence d’idéation, avec ma partenaire avec qui je travaille en publicité depuis 15 ans. L’agence s’appelle 21 grammes, agence d’idéation, avec comme slogan ‘Donnez de l’âme à votre marque’, car la théorie voudrait qu’à notre décès, notre corps perde 21 grammes. Ça serait donc le poids de l’âme. On était reconnue à faire des choses qui avaient du sens et à respecter l’ADN d’une marque.”
C’est donc de son agence qu’elle paye son hypothèque, mais elle donne énormément de temps à Madame Labriski. “Je m’occupe des médias sociaux, j’alimente mon blogue, je fais toujours une vidéo avec les nouvelles recettes qui sortent, donc tranquillement, j’essaie de faire grandir Madame Labriski. Là, c’est le fun, ça fait 2 fois que Madame Labriski est invitée à Salut! Bonjour!, mais Madame Labriski a aussi été invité à la soirée des diamants sur le bateau Louis-Joliette à Québec pour le Club des Petits Déjeuners. Sans oublier le Festi Gourmand à Tremblant.” Mériane donne aussi des conférences énergisantes à propos de sa passion pour la course à pied. “J’étais à Montréal avant et je suis déménagée à Québec pour le travail. Je me séparais en même temps il y a 10 ans. Comme je n’avais pas d’amis à Québec je me suis mise à courir. J’ai fini première québécoise au marathon de Chicago. Courir le marathon m’a amené à me fixer des objectifs et tout faire pour les atteindre. Y’a aucune raison de passer à côté de mes rêves et quand je serai dans la cinquantaine et que je vais me retourner, je vais me dire : Oh yes! Je suis fière de moi!”
MAIS D’OÙ VIENT LE NOM ‘MADAME LABRISKI’?
“Tous les termes, miamski, yahooski, fouski, etc., c’est que je voulais créer une personnalité forte. Chez 21 grammes, c’est ce que je fais pour certains de nos clients: on créé des marques fortes, avec une personnalité de marque. Madame Labriski devient un sous-produit de ma business.” C’est son porte-folio en quelque sorte.
“Les galettes ont toutes des noms super originaux et c’est volontaire. Ma galette à la mélasse s’appelle la moignon d’ourson. J’ai une galette qui goûte la galette aux carottes de ma grand-mère et elle s’appelle l’autobronzante à cause du bêtacarotène. En tant qu’adulte, des fois, on se prend trop au sérieux.” Sans les réseaux sociaux, Madame Labriski ne serait pas rendue là où elle est. “C’est ça que je trouve magique et c’est un peu mon message aujourd’hui: on a pas toujours besoin d’un gros budget dans la vie, mais quand on veut vraiment, les choses sont quand même possibles, mais c’est beaucoup de travail. Madame Labriski c’est une job à temps partiel, mais qui occupe un temps plein dans mon cerveau. Dès que je fais quelque chose de beau, oups, je dois prendre des photos.” Grâce à ses efforts, un grand réseau l’a approché pour distribuer ses produits de Madame Labriski. “C’est vraiment fantastique, mais j’y vais étape par étape. Je fais mes produits de façon très artisanale. Du moment où on parle de grosse production, tu perds le côté artisanal. Alors, je suis en cheminement.” Même si les gens la questionnent sur ses points de vente, qui sont si peu nombreux, Mériane ne se précipite pas.
“Je reçois plusieurs courriels me disant à quel point les recettes de Madame Labriski ont changé la dynamique de la nourriture dans la maison. Maintenant, les enfants se régalent, même si mes galettes sont bourrées de fibre, sans sucre et sans gras ajoutés. Quand tu as du sucre, c’est parce que les gens ont ajouté des pépites, mais ça fait partie de la vie.” Comme c’est mentionné sur son site Web: *ATTENTION AUX PURISTES! Dans ce genre de délire, en général, il y a du sucre…
Au début, elle ne voulait pas mettre de pépites dans ses recettes, mais après avoir jasé avec une nutritionniste, elle a réalisé que les pépites, c’est juste un peu de bonheur. “Ton cerveau est content d’avoir des pépites. C’est toujours l’abus qui est nocif, mais quand tu as 3, 4 ou 5 pépites dans ta galette, ben enjoy and that’s it!” Toutes les recettes se trouvent sur le site Web. Une maison d’édition l’a approchée pour un livre, un peu comme quelques blogueuses populaires ont aussi été approchées. Mais Mériane, comme pour tout le reste, y est allée étape par étape. “Je suis comme TRÈS occupée, mais j’y vais un projet à la fois afin de bien le mener à terme.” dit-elle en riant. Et le livre a ainsi vu le jour et se retrouve à la une des ventes!
Son horaire est assez typique d’une mère en affaires. “Je me lève vers 3 h 50 et de 4 h à 7 h je fais mon 1er ‘shift’. À 7 h je monte à l’étage et là c’est routine déjeuner avec mon chum et les enfants. Après ça, je fais ma journée ‘normale’.” Et avant sa grossesse, elle ajoutait un autre quart de travail après 21 h, une fois sa fille au lit. “Mes journées, c’est toujours des 12-14 h de travail, mais à un moment donné, c’est difficile d’en faire plus que ça, surtout enceinte. C’est un cadeau que la vie m’a offert, d’avoir ces capacités-là. Ce n’est pas tout le monde qui est fait comme ça, je suis donc en mission de dire : ‘ben checke-moé ben’ la vie, tu vas être contente de voir ce que je vais faire de ce cadeau-là!”
Le fait que Mériane est allée à son rythme dans l’aventure de Madame Labriski en fait une marque authentique. Le succès n’est pas arrivé du jour au lendemain. L’instinct de Médiane a contribué à ce succès.
“Pour Noël 2015, mon objectif c’était d’être à 20 000 fans sur Facebook et je l’ai atteint. Pour moi, 20 000 c’est significatif. 20 000 c’est assez de notoriété numérique pour passer à un autre niveau. Je n’ai aucune raison de me donner ces objectifs, mais c’est juste comme ça!” Au moment d’écrire ces lignes, la page Facebook était à 30 615 fans!
Ce fut donc un immense plaisir de discuter avec cette femme intense et vraie. Ses recettes me donnent l’eau à la bouche et surtout, créent une envie de cuisiner avec mes enfants. Les faire manger santé, sans qu’ils s’en aperçoivent, est un défi pour la maman que je suis et ce serait une victoire pour mon orgueil de les voir se régaler de galettes et biscuits bons pour leur santé! Bravo pour l’audace et la persévérance de cette mère en affaires qui n’avait rien d’un chef cuisiner ou d’une nutritionniste, mais qui a su ‘apprendre sur le tas’ et partager avec autant de générosité ses connaissances!
“Je continue d’y mettre de l’énergie avec mon cœur, car je sais que ça devient encore plus une belle grande aventure.” Et bien moi je souhaite longue vie à Madame Labriski!
Révision: Josée Goupil