Un brin essoufflée par l’appel à la productivité, la nécessité de réussir, l’exigence de la performance qui semblent être devenus les facteurs inhérents à une vie réussie, j’ai envie, dans le cadre de ma collabo avec Femmes Alpha, de vous partager du vrai, du vrai moi puisque c’est ce que je connais le mieux (du moins, de mieux en mieux!). Pas question ici d’étaler ma vie privée ou de faire la démonstration de mes bons coups pour gonfler mon ego! Mon désir est d’inspirer ceux d’entre vous qui pourraient s’identifier à ce que je suis, ce que j’ai été et suis devenue.
Voilà donc que je commence en vous annonçant que je partage ma vie avec l’anxiété. Du plus loin que je me souvienne, mon cerveau a toujours anticipé les mauvais coups, grand adorateur de la loi de Murphy qui veut que si vous échappez votre toast à la confiture de fraises, elle touche assurément le sol du côté beurré vous obligeant à laver votre plancher et à vous préparer une autre tartine plutôt que de tomber du côté vierge qui vous permettrait de prendre votre thé relax et de bien commencer la journée. C’est comme une seconde nature. Subitement je ressens un inconfort sans même pouvoir en identifier l’origine, je prends un temps d’arrêt, sonde mes pensées et me rends compte que mon corps et ma tête sont de connivence pour me faire croire le pire, que je ne réussirai pas, que c’est dangereux, que je devrais être prudente, rester chez moi en pyj et attendre que la vie passe.
J’ai bien fait attention de dire que je vis de l’anxiété plutôt que d’affirmer que je suis anxieuse. Grande nuance que j’ai apprise au fil du temps. Je ne suis pas cette anxiété. Elle existe, se pointe à tout moment comme un vieux vieux réflexe bien ancré, tente d’envahir mon corps, ma tête, mon cœur, et serait ben contente de tout saboter avant que le pire ne se produise, mais je lui ai dit non il y a quelques années et réitère tous les jours depuis.
Je travaillais sur ma toute première télé-série avec les premières nations. J’avais l’impression d’y être chez moi. Premièrement parce que c’est ce qui m’habite toutes les fois où je me retrouve sur un plateau de tournage, et deuxièmement, parce que depuis l’adolescence, je suis entourée d’Hurons-Wendat et d’Innus. J’étais donc familière avec leurs enjeux, leurs langues, leur humour, leur réalité. J’y ai vécu, ce que je crois être un premier éveil, ou un appel. Un comédien a dit : « La peur est le début de la sagesse ». J’ai compris qu’il percevait la peur davantage comme un moteur d’action plutôt qu’un appel à la prudence. Je me suis fait la promesse de ne plus laisser ma peur décider pour moi et depuis j’ai vécu des expériences extraordinaires et j’ai réalisé plusieurs rêves.
J’apprends surtout à accepter qu’il me faille un peu plus de temps d’adaptation, d’énergie et de douceur pour accomplir certains projets qu’une personne ne vivant pas d’anxiété en aurait besoin.
Je ne sais pas si le niveau d’anxiété est plus bas maintenant que j’ai décidé de ne plus lui accorder de droit de parole, mais je sais aujourd’hui que je ne suis pas cette peur et que tous les rêves me sont permis.