Mai 2013. Une amie et collègue ayant participé à la première mouture de TEDxQuébec m’envoie les informations concernant l’appel de conférences. « Stéphanie, tu devrais vraiment t’essayer! Je suis sûre que ça va fonctionner! ». Gonflée à bloc, je me lance. Puis, rien. Pas de nouvelles. Et dans ce cas, « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles! » ne s’applique pas. Pas de nouvelles rime plutôt avec « votre candidature n’a pas été retenue ».
J’essuie une petite déception et je poursuis mon chemin.
Jusqu’en mai 2014, où je me réessaie. Voyant le thème de l’année, Renaissance², je me dis, ouais, pourquoi pas, ça me rejoint totalement, allez, parle-leur de la résilience. Après tout, la résilience, n’est-ce pas littéralement une renaissance?
J’envoie ma candidature avec pas d’attentes. Alors, j’attends plus ou moins la réponse. Je passe à autres choses. J’écris, tiens, pourquoi pas, moi qui ai des deadlines à rencontrer sous peu.
Puis, des nouvelles. « Nous souhaitons vous rencontrer en audition ». Yes! Accompagnée de mes deux hommes préférés, je me rends à Québec. Dans la salle d’attente, je fais la rencontre d’un potentiel conférencier, qui, je l’apprendrai plus tard, sera officiellement un conférencier de l’édition 2014.
Rapidement, me voilà devant le comité de sélection, dans une minuscule pièce, sur la fameuse pastille rouge. Trois minutes. C’est le temps que j’ai pour les convaincre que mon idée vaut la peine d’être partagée.
Quelques jours plus tard, encore des nouvelles : « Vous ferez partie des conférenciers de TEDxQuébec 2014 ». Re-yes! MAIS interdit d’en parler. L’équipe des réseaux sociaux s’en chargera en temps et lieu…dans deux mois et demi. Aussi bien dire une éternité, pour une impatiente-impulsive comme moi.
Au cours des semaines suivantes, une rencontre marquante : celle, virtuelle, de Lyne-Marie Germain. Ma coach. Généralement, quand je prépare une présentation, je le fais les deux doigts dans le nez, je révise à peine, j’arrive devant la salle de participants et je me lance et ça fonctionne! C’est comme ça. Je connais ma matière, que ce soit en tant que psychoéducatrice ou chargée de cours. Mais cette fois-ci, je dois réfléchir plus loin. Je dois réfléchir au message (le seul et unique!) que j’ai envie de partager…en 12 minutes. Plus difficile à faire qu’une conférence de 3 heures, laissez-moi vous-le dire.
C’est ainsi que semaine après semaine, on se donne des rendez-vous Skype en après-midi, mon moment de prédilection de sieste. Je baille sous les yeux de Lyne-Marie, en me confondant en excuses. Elle rigole. Je lui livre ma conférence, modifie, travaille, retravaille, re-retravaille. Jusqu’au grand jour : celui de mon départ pour Québec le 27 octobre en après-midi.
La nuit précédente, j’ai eu du mal à dormir : « et si j’oubliais quelque chose de fondamental, lors de ma présentation? Et si je figeais sur scène? Et si…? ». Jamais, auparavant, je n’avais ressenti ÇA : le trac.
En soirée, le 27 octobre, nous répétons. Mais surtout, nous nous rencontrons en chair et en os, ma coach et moi, mes collègues et moi. Huit extravertis verbomoteurs qui parlent ensemble. Je vous laisse imaginer la scène.
Puis, retour à ma charmante auberge. Où j’ai du mal à dormir. Où je me réveille à 6h17, avec une question fondamentale : que vais-je porter? Car mon apparence aura quasi autant d’impact que le message que je souhaite passer. Je veux qu’on me prenne au sérieux, mais être moi. Être confortable, mais être classe.
Une fois habillée, direction le Périscope. On se retrouve, une fois de plus, avec les conférenciers et les bénévoles, afin de partager notre fébrilité.
Puis, 13h. Les participants arrivent. J’ai envie de pipi. De me moucher. D’éternuer. D’aller faire un tour dehors, en manches courtes. J’ai chaud. J’ai, encore une fois, le trac. Ce fameux sentiment dont j’ai entendu parler sans jamais réellement le ressentir. Mais je suis vivante. Je suis toute là. Je saisis le moment.
Mon tour arrive. Je sors des coulisses où, malheureusement, je n’ai rien capté du tout du premier conférencier, trop obnubilée par mon trac et ma présentation. Dès que je mets un pied sur scène, je suis calme. En paix. Authentique. Et je parle. Et mon micro saute. Deux fois. Et je rigole. Et je change de micro. Et la vie continue. Et ma présentation prend fin. Rapidement. Comme à 14 ans, quand je faisais de la danse funky en banlieue de Montréal et que nous présentions notre spectacle de fin d’année. « Déjà fini? ». L’adrénaline redescend. Je peux retourner m’installer dans la salle et profiter. Me laisser inspirer.
Et expirer.