Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue. Ce n’est pas de moi, mais de Victor Hugo. Cette citation me dérange. Parce que, des fois, j’ai besoin d’idées. La page blanche est là. Le tic-tac de l’horloge me rappelle mon deadline. Mais rien. Nada. Je vis et je meurs avec mes idées. Comme beaucoup trop de gens qui n’ont pas eu le temps de les réaliser.
Depuis quelques années et encore plus depuis an, une idée me harcèle. Elle me chuchote constamment : « Et si tu étais un auteur… » Oui, je gagne déjà ma vie en écrivant, mais il y a toujours un but mercantile, un brief. Et si ce brief partait directement de mes tripes ? Comme si mes veines poussaient l’encre des mots, du cœur au papier.
Cette voix intérieure que j’essaie d’étouffer ne veut tout simplement pas s’endormir. Elle tient éveillé en moi un espoir qui fait mal, car je n’ai pas encore été au bout de ce rêve.
Tout me pousse à croire que ça ne fonctionnera pas. Il y a plein de contenu gratuit sur le web. Des auteurs à succès sont vendus 5 $ dans les bouquineries. Il y a des millions d’auteurs. Je n’ai pas assez de talent. Je suis qui moi pour écrire des choses qui intéressent les gens? Les gens ne lisent plus.
Malgré toutes ses croyances, vraies ou fausses, le bourdonnement se poursuit dans ma tête. J’ai cette vision claire. Je suis assis devant un lac entouré de montagnes. Les oiseaux me chantent des mots. Je les tape sur ma dactylo, déposée sur une simple table en bois. Exactement comme dans Love Actually, j’écris un livre.
Ça peut paraitre cliché, mais cette image, je suis incapable de l’oublier. Elle revient constamment. Que je sois éveillé ou non.
Maintenant, je dois décider ce que je fais avec cette idée. Je l’enterre ou je l’arrose ?