Depuis que j'ai fermé/vendu/réorganisé mon entreprise, j'ai -encore plus- d'empathie pour les commerçants qui doivent fermer boutique. Les temps sont clairement durs pour tout le monde... Je comprends et prends à cœur le déchirement vécu par les entrepreneurs qui doivent prendre cette décision. 

Notre entreprise, on en a rêvé, on y a bossé dur et fort, on y a mis du temps et des sous. Devoir y réfléchir purement de manière logique et monétaire afin d'y mettre fin, l'achever, ne plus la regarder grandir (ou dépérir), c'est très éprouvant. C'est une décision d'esprit et non de cœur. 

Ce qui me choque le plus lorsqu'un commerçant affiche publiquement qu'il a pris cette décision, c'est la réaction de la "clientèle", et j'utilise ce terme avec une touche de cynisme. Il y a ceux qui sont tristes de perdre leur commerce/produit chouchou. Mais il y a aussi les activistes: ceux qui aimeraient un mouvement de foule, un appui de tout un chacun, un investissement de la dernière chance... Un appui de la ville? Du provincial? Du fédéral? Du Pape? Il faut arrêter de penser qu'avec une injection de fonds qui sauvera les meubles pour quelque temps, on pourra occasionner un revirement assez efficace pour qu'un commerçant puisse voir son avenir entrepreneurial reverdir. Le problème n'est souvent pas là : le financier n'est souvent qu'un des nombreux aspects en cause. C'est la somme des prévisions (et des énergies) qui est dans le rouge, quelques semaines d'affluence n'y changeront pas grand-chose. Trop peu.

Ce qui me choque encore plus: le client qui fait valoir que c'est "dommage que vous fermiez", qu'il/elle voulait passer depuis l'ouverture (il y a de ça 3,4,5... Ou même 10 ans)  "mais là vous fermez!" Sur un ton de "c'est pas juste". Et bien, madame/monsieur, désolé, mais c'est un peu de votre faute si ça ferme! Si vous et ceux de votre espèce aviez pris la peine de venir en boutique dans les dernières années, le chiffre d'affaires s'en serait vu amélioré et on en serait pas là. Un commerce ne restera pas ouvert sur des budgets de "désir de passer" et "d'intérêt pour votre commerce"! On ne vit pas d'amour et "like"! Trop tard.

Ce qui me rend furieuse ? Les critiques scrupuleuses! "C'était certain que ça n'allait pas fonctionner!" "Moi je l'aurais administré, opéré autrement!" "Si...si...si..." Ben oui, les grands parleurs, mais avez-vous osé, simplement essayé de partir une entreprise? Pensez-vous vraiment que l'entrepreneur n'a pas réfléchi, n'a pas essayé, n'a pas reviré tout d'un bord ou de l'autre avant d'en arriver à mettre la hache dans ses rêves, la clé dans la porte?! Trop.

Et que dire du fameux "bonne chance dans vos nouveaux projets"... C'est bien gentil, mais pourquoi ne pas dire "mes sympathies" à la place... Oui, oui! Sans sarcasme! Pour un entrepreneur, une fermeture, une vente, ce sont en quelque sorte des funérailles douloureuses, il y a un énorme deuil à faire. Lorsqu'on rencontre une veuve éplorée en deuil de son conjoint, on ne lui dit pas lors des funérailles: "Bonne chance avec tes prochaines conquêtes!"  On lui laisse du temps et de l'espace, et on lui dit à quel point la vie de son tendre époux a été touchante et importante pour nous. Et si on ne l’a jamais vraiment côtoyé, on se garde une p'tite gêne et on s'abstient de commentaire. Assez.

Révision: Josée Goupil

Description de produit : petite femme rapide et efficace qui jongle une vie aux multiples passions.

Ingrédients/faite à base de : femme à 100%,  bonheur familial,  passions pédagogiques et entrepreneuriales.

Valeurs nutritives :  un excellente source de créativité, faible en chiffres, remplie de bonne humeur vitaminée, faible en gestion du ménage mais excellente garocheuse de traîneries dans des coins bien cachés.

Conservation : plus de 40 ans grâce au yoga et à la course à pied, à  température ambiante élevée.

Points de vente : Créations Les Gumes, Séminaire des Pères Maristes, dans son salon, dans ses running, sur son tapis de yoga.

annik@creationslesgumes.com

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