Les événements qui se sont succédé dans ma vie m’ont peu à peu inculqué l’importance de donner sans attendre un retour d’ascenseur, chose que j’ai trop longtemps faite, je m’en confesse. Par une succession de tranches de vie remplies de leçons, où mon cœur et mon endurance ont été mis à l’épreuve, j’ai commencé à mettre la main à la pâte et à me soucier du bien-être de l’autre. Mes épreuves m’ont peu à peu montré que j’étais privilégié et qu’autre chose que mon nombril existait...
Vers la fin de mon passage à Montréal, j’ai donné les premières journées de mon temps à un organisme qui construit des logements pour les démunis, Habitat pour l’humanité. C’est avec fierté, ceinture d’outils à la taille et marteau à la main que j’ai connu le plaisir d’aider et de donner à mes confrères et consœurs humains. Des humains moins chanceux que moi. Je me présentais donc sur place pour offrir mon énergie et mon désir d’améliorer la vie de gens qui m’étaient pratiquement inconnus. Je ne leur connaissais que quelques informations contenues sur une affichette expliquant le parcours de la famille bénéficiaire placée à l’intérieur de chaque logement en construction. C’est un détail très simple, mais de savoir pour qui je faisais les choses avait un effet très motivant pour quelqu’un comme moi qui commençais à essayer de maîtriser les rudiments du don de soi. Sans le savoir, j’étais en train de continuer à guérir une autre partie de ma vie.
De retour à Québec, j’ai dû me trouver une autre cause, car Habitat pour l’humanité n’a encore pas d’activités ici. Ayant des ressources financières temporairement très limitées, je me suis tourné vers une ressource naturelle que je produis à chaque instant, et qui ne me coûte absolument pas un sou : mon sang. Je suis maintenant un donneur régulier de plasma sanguin. Je peux donner tous les 6 jours comparativement à un don de sang régulier qui requiert un temps d’attente de 56 jours entre chaque don. C’est une question de régénération des globules rouges. En date d’aujourd’hui, plusieurs dizaines de fois, j’ai pris quelques heures de mon temps pour donner à de parfaits inconnus.
Je ne sais pas qui j’aide ou à qui je donne la vie, mais le simple fait de savoir que je fais le bien autour de moi me satisfait amplement et me permet de continuer à améliorer mon propre sort. J’ai compris pourquoi je fais les choses. Je n’ai plus besoin de savoir à qui je donne. J’ai simplement besoin de le faire pour me sentir encore mieux. Je suis chanceux d’avoir la santé, d’aimer et d’être aimé. Le reste, c’est du bonus. Je continue donc de m’améliorer pour avoir de plus en plus de ressources afin de multiplier l’effet que je peux avoir dans la vie des gens.
J’espère aussi que ces quelques mots éveilleront en vous le désir d’aider votre prochain, si ce n’est pas déjà le cas. Donner m’a permis de mieux me connaître, de mieux apprécier ce que la vie met sur ma route et d’embellir mon quotidien. Tous ensemble, avec la somme d'efforts individuels soutenus, je suis persuadé qu’on peut bouger des montagnes...
Révision: Josée Goupil
Crédit photo: Leticia Bertin, https://www.flickr.com/photos/theleticiabertin/5350787982