Je sors de mon cours de cardiovélo bien rythmé du samedi, je me dirige vers les douches. Quatre ou cinq adolescentes s’y rendent elles aussi, serviette, savon, shampoing à la main et… mini-amplificateur prêt! « Bon, qui qui met du beat ? » Toutes ont leur cell, on se branche, on met de la musique… pour prendre sa douche! Cette même joyeuse bande sonore se rend ensuite dans les vestiaires: ça prend du rythme pour s’habiller! En quittant, chacune branche ses écouteurs et repart avec son petit bonheur musical.
Je vois de plus en plus de jeunes se mettre « du beat », partout, tout le temps, sans écouteurs parfois, en marchant dans la rue, en « chillant » au parc, en dînant à la « cafet »… rien de mal là-dedans! Comme prof, nos étudiants nous demandent maintenant de leur mettre une trame musicale pendant qu’ils travaillent en classe. Plusieurs enseignants acceptent.
La plupart d’entre eux écoutent de la musique en étudiant, dans l’auto (surtout afin de faire abstraction à la présence parentale!) Les applications musicales gratuites ont pris un essor fulgurant dans les dernières années.
Mais où est le silence? Est-ce que la future génération d’adulte saura même ce que c'est? Est-ce qu’ils sont en fait en train de se créer une dépendance sonore? La musique est un art et stimule le cerveau, c’est certain. Mais le silence ne le stimule pas encore plus? Dans l’absence de bruit, on se crée des images, des idées, des projets, on réfléchit, non? Je me questionne si nos enfants deviennent des zombis musicaux, la tête abasourdie par du bruit constant…
Est-ce que notre monde est si bruyant que c’est un mécanisme de défense pour eux de se créer une bulle identitaire de bonheur musical pour s’en protéger?
Deviendront-ils des esclaves de leurs écouteurs? Seront-ils des aînés à la surdité croissante, et à la discussion inexistante?
Révision: Josée Goupil