Pourquoi?
J’le sais-tu moi? Ça me tente juste pas.
Je suis en pyj, il est 10h34 du matin, y’a d’la vaisselle de la veille qui traîne, le planché est jonché de graines, le lavage forme l’Everest devant la laveuse, le frigo est presque vide. Et je ne bouge pas. Je suis en vacances. Et j’ai peur de ne jamais pouvoir reprendre le rythme.
La loi de l’inertie. Le goût de ne plus bouger. Le goût de ne rien faire. C’est épeurant pour moi. C’est l’inconnu. C’est un univers rempli de culpabilité, d’occasions ratées et de bourrelets engraissés. Et si ça ne passait pas, si je n’avais plus jamais le goût de me mettre en action? Si mon énergie «légendaire » s’était rendue au bout du rouleau? Après tout, il n’y a pas juste le papier de toilette qui se déroule et disparaît… et je suis tellement bien à chiller à la maison.
On est tellement toujours en mouvement, toujours à la course, que l’on s’est mis à vénérer, à prôner et même à se vanter que l’on ne fait rien. Qu’on fait une journée en mou, qu’on ne fait pas le souper pis qu’on se fait livrer une grosse poutine directement dans notre divan, que l’on Netflix toute la soirée, en flattant son chat ou son chum.
On a longtemps mis sur un piédestal la Super Woman. Et encore maintenant, on a l’impression qu’il faut tout faire et tout être en même temps pour tout le monde : mère, carrière, conjointe, amie, athlète, alouette! Mais, pour ajouter un peu de pression, il faudrait aussi être capable de mettre le frein d’urgence sur sa vie pis chiller en mou en jouant des heures à Candy Crush sur le divan.
On rêve toutes de ralentir ou arrêter, mais aussi d’être capable de repartir ou réussir à ne jamais aller trop vite.
Le rien faire est-il la nouvelle mode? La Woman-en-mou remplacera-t-elle la Super Woman?
Révision: Josée Goupil