J’assistais à une conférence de Matthieu Ricard, ancien scientifique converti au bouddhisme et auteur de plusieurs livres dont Plaidoyer pour l’altruisme, qui portait sur l’état politique et environnemental du monde actuel et sur une piste de solution inspirée des principes du bouddhisme. À un moment donné, il nous a proposé de guider une méditation pour nous pratiquer à la compassion, l’empathie et l’altruisme. J’ai fermé les yeux, totalement offerte aux enseignements de cet érudit, c’est que ça confortait mon esprit critique en tabarnouche un scientifique qui me parle de spiritualité. Il nous a alors proposé de penser à la dernière fois ou nous avions ressenti un sentiment d’amour, fort, de nous y replonger et d’en venir uniquement à nous concentrer sur ce sentiment. Pour la première fois, je prenais conscience des sensations que le sentiment d’amour générait en moi. Ça partait de mon cœur, pour de vrai là, comme s’il devenait plus gros et que ma cage thoracique s’ouvrait pour ne pas freiner l’expansion : ça montait jusque dans ma gorge. Un peu comme un haut-le-cœur, mais le fun. J’ai eu envie de pleurer tellement c’était bon. Je ne le savais pas, mais ce soir-là, j’ai découvert la switch qui allait me permettre de descendre de ma tête à mon cœur à tout moment.
Ça a l’air facile présenté comme ça, mais j’ai constaté que ça demande beaucoup de pratique et de bonne volonté. Je savais que j’étais une femme de tête, une tête de cochon comme se plaisait à dire mon père, que j’aimais les débats d’idées, que j’avais besoin de preuves concrètes et fondées, que je me nourrissais de logique et de rationnel, que je pouvais même devenir colérique quand ça ne faisait pas MON affaire… Mais jamais je n’aurais pensé que je passais le plus clair de mon temps « dans ma tête » et que mon expérience de l’amour était fort égoïste.
Tout s’est mis en place pour que j’expérimente lentement l’amour, le vrai, l’amour désintéressé, l’amour altruiste, l’amour de mon prochain, l’amour de l’autre tel qu’il est sans vouloir le modeler à mes attentes ou mes désirs, sans caprice, sans jugement… presque. Je connais maintenant le chemin qui mène directement à mon cœur et je m’efforce d’y passer le plus clair de mon temps, à identifier les manifestations de mon égocentrisme et à tout mettre en œuvre pour ne plus le laisser dicter mes actions. Je suis encore une jeune «padawan», inexpérimentée et maladroite, mais je suis entourée d’hommes et de femmes inspirants et généreux.
Mon amoureux m’enseigne l’espoir, l’enthousiasme, le don de soi, le positivisme; mes parents, l’ouverture d’esprit, la simplicité, la curiosité; mes fées marraines, la douceur et la vulnérabilité; mes amis, la discipline, la générosité; les Premiers peuples, le respect de la nature; l’humanité, la tolérance et l’humilité.
C’est bien beau et grand tout ça, on dirait presque le discours d’une Miss Univers. Je n’écris pas ces mots pour démontrer à quel point je suis bonne, loin de là, parce que quotidiennement, je vis du ressentiment, de la colère, de l’envie, du mépris, de l’intolérance, de l’impatience…name it! Mais j’ai découvert que l’amour est un choix et que de m’y consacrer m’amène à considérer le côté lumineux de l’humain et à devenir, à mon tour, tranquillement pas vite, une artisane du changement.