Laurence Fischer, Guide expéditrice & Photographe documentaire, France
Si vous êtes de celles qui rêvent d’aventure, de nature à perte de vue et d’animaux sauvages: Laurence Fisher vous fera rêver par le bias de son récit et de ses photographies.
Animée d’une soif d’aventure et d’une passion pour les découvertes, elle explore et photographie des endroits d’une extrême beauté. À travers son entrevue, vous découvrirez que tout est possible avec la bonne combinaison de passion, de compétence et de détermination. Il ne va pas sans dire que dans ce genre d’expédition, elle a su créer sa place.
Comment se prépare -t-on à une expédition? Et que devons-nous amener (matériel, nourriture, divertissement, habillement, etc)
Quand on se prépare déjà je travaille sur un bateau d'expédition des croisières expédition, on a des passagers, donc on se prépare en amont beaucoup en connaissant le terrain. Bon, pour le coup, ça faisait ça fait huit ans que je fais ça, donc le terrain je le connais. Mais il y a toujours des nouveaux endroits l'enneigement, les conditions météo, la glace change chaque jour donc donc on se prépare aussi, on s'y prend. C'est une destination à apprendre à se renseigner. La faune, la flore, l'histoire sur place. Est ce y a des populations et si oui leur culture au Groenland ou au Canada ? Là on est en direction de l'Afrique. Donc je suis en train aussi de lire sur sur l'Afrique, sur la culture, l'art. Matériel. J'apporte peu, je vois quasiment tout en fait. Les grosses chaussettes, les collants, la rose veste, quatre paires de gants minimum. Parce que les gants, c'est l'histoire de notre vie à tous et toutes. Trouver des gants souples, chauds et étanches, ça n'existe pas.
Donc il y a toujours deux paramètres. Donc quand on conduit un zodiac pour prendre la photo, il faut qu'on sente ce qu'on fait. Donc les gros gants de ski, ça, ça fonctionne pas trop. Ou si on a les a mouillée, on a froid aux yeux et des gelées on met des chaufferettes mais quand elles sont mouillées, elle marche plus. Fin bref, du coup les gants c'est super important. Nourriture, vannes, ongles. Le bateau me fournit tout divertissement. Je prends des livres et j'ai quelques films avec moi, quelques documentaires, principalement sur les destinations sur lesquels je vais.
Quelles compétences devons-nous avoir et quelle genre de formation doit-on suivre?
Alors formation de base, c'est très divers, J'ai une formation en droit et en marketing. Rien à voir, mais j'ai toujours été passionnée d'histoire et d'aventure et j'ai toujours lu des livres, des récits d'exploreurs, des récits d'aventures, des histoires naturalistes, des de la vie des animaux. Je me. Je m'intéresse beaucoup à l'histoire des Inuits, donc des livres par les Inuits. Ces gens, j'en ai vu pas mal. Fort en poésie, en romans, en aventures, en autobiographie. Et j'adore. Si on est plongé dans le temps plein de leur culture, j'apprends leur langue. Je prends le depuis quelques années.
Comment votre perspective de la vie à changer lorsque vous avez commencé les expéditions polaires?
Pour faire. Depuis le début, j'ai étudié le droit et le marketing du droit communautaire. J'ai travaillé cinq ans dans ce milieu et puis la première fois que j'étais étudiante et là je j'ai su que j'étais au bon endroit mais et je n'avais pas d'idée comment faire un métier en fait. Donc je crée dans mon milieu cinq ans. Dès que j'avais des congés ou semaines de congés, un grand pont, j'allais en Arctique, toujours au nord, toujours au nord. Ça fait un mantra toujours plus au nord, d'abord à Scandinavie, et puis l'Arctique Nord canadien, canadien Nord dans Norvège, l'Islande, puis après sur le Groenland. C'était pour mes 30 ans, Je partais au Groenland, sur la baie de Disco. J'étais seule en rando en trois semaines et c'était la vraie révélation. Quand je suis rentrée sur mon travail dans mon open space. Et là, je pouvais plus, c'était fini. À cette époque là, j'étais depuis dix ans avec quelqu'un, On avait un appartement en tout cas, eh bien ça collait bien.
Sur le papier, j'ai rencontré cette époque là, un type qui était guide sur les bateaux et il m'a dit Mais t'as la connaissance terrain avec connaissance historique et culturelle, postule. J'ai postulé et ça a marché. Donc j'ai commencé comme photographe sur les bateaux, puis je suis devenu guide d'expédition conférencière. J'ai cette époque là quitter mon travail puis quitter mon compagnon. Enfin un appartement et c'était début d'une nouvelle vie. Donc il y a huit ans. Sur le coup, c'était. Je savais que je devais le faire, c'était pour moi. Mais le savez vous que vous quittez le l'argent par tous les mois ? Et puis c'était une relation de toute façon. Mais bon, ces zones de confort donc c'était pas simple. Ma mère ne m'encourageait pas, mon père m'encourageait donc et je l'ai fait. Et c'est la meilleure décision de ma vie. Évidemment, je l'ai fait et je suis parti en 6 avril et c'était le début à 2015. Ça a été le début de la nouvelle vie.
Pendant plusieurs semaines, mois, vous êtes coupée du monde. Comment gérez-vous cette coupure avec vos proches? Quels sont les effets sur votre mindset, mental, votre physique?
Donc pendant plusieurs mois, on se coupe du monde. Bah non parce qu'on a internet justement, donc on est relié. Donc après je reste dense, mais j'ai les écris. J'écris très régulièrement à ma famille et mes proches. Et justement sur le bateau, rien. On n'est pas seul, on se partage une cabine, j'ai toujours eu, des femmes très intéressantes avec moi donc tout est possible. De rien, on est pas seul.
Parlez-moi aussi de votre rapport au silence & à la déconnexion digitale. Avez-vous plus de temps d'introspection?
Donc oui, j'ai besoin, mais on a tous et toutes besoin d'être seul. Pour moi, c'est par le sport que j'y arrive. Je vais au sport tous les jours ou presque. Je me prends 1 h avec mon casque pour aller sur faire du vélo, courir et quand on est à terre, selon les endroits où on est pareil, Je courais tout le monde en Antarctique. On revient à tous les dix quinze jours et c'est mon moment à aller courir. Être seule dans la forêt, ça fait du bien. Ce sont mes moments d'introspection. Puis le soir aussi, quand même, ma marmite. On est nombreux, on ne parle pas, On a chacune besoin de notre moment en fait. Ou on va lire, écrire à nos parents, écrire, dessiner. Je dessine un peu et j'écris aussi. En dehors de ça.
D'après vous, quel rôle jouez-vous dans la préservation et la protection de l'environnement polaire?
Les passagers du bateau sont la plupart des décideurs politiques, économiques. Et je suis persuadée que le fait qu'ils voient la baleine, qu'ils voient l'ours, le manchot, la glace, ça a un impact sur eux et sur leurs décisions à venir. Et en plus à terre, je suis impliquée dans des associations qui protègent l'environnement. Donc on nettoie le mât sur le Rhône, la Saône. On a aussi un projet, un projet qui est déjà bien entamé sur le lac Léman, rapport aux munitions qui ont été jetées dedans après la deuxième guerre mondiale. Et dans une autre association, on prône polaires où là on sensibilise qui est un mot un peu galvaudé mais bon, une misère les enfants. Donc on fait des interventions en milieu scolaire. On fait aussi avec l'autre association Odyssée trois pour un pavillon. Donc on leur parle gestion des déchets, traitement de l'eau, cycle de l'eau. On leur montre les animaux, on leur montre des animaux qui font de l'apnée, du plastique et on leur montre que c'est une réalité. Donc c'est la BD, la télé, mais je le vois et on essaie de prendre plaisir à le transmettre et à leur montrer les impacts concrets qu'on peut avoir.
Après, on tolère le bateau, il y a beaucoup de règles, on ne rejette rien à la mer et le fioul et filtré. On fait vraiment très très attention à ne rien laisser dans nos poches si l'on fait attention aux mouchoirs. C'est tout bête, mais il ne faut pas tout à fait perdre quand on arrive et quand on part, on fait toujours très attention. Et si déchets il y a, on les ramasse. On parle au Svalbard qui est un archipel au nord de la Norvège. Il y a des courants qui ramènent les déchets des fleuves russes sur les plages du Val Barthe. Donc là on nettoie, on a toujours un sac et certaines plages, on a un sac. C'est juste fou par rapport aux Seychelles, avec des plages de bout en bout et sur les îles glorieuses et les îles à la française, le taf avec des plastiques qui viennent d'Afrique et pas les courants et sur les plages. Donc on nettoie, ça ouvre une lande. Voilà, ça c'est quelque chose d'important.
Pouvez-vous, nous partager un moment unique que vous avez vécu lors d'une expédition?
Parlez-nous de femmes qui vous inspirent et vous motivent.
Par rapport aux femmes inspirantes. L'enjeu n'est pas mal du passé et beaucoup de femmes ont par le passé ont dû casser le plafond de verre. Et c'est grâce à elles toutes que je suis là, que nous sommes toutes là aujourd'hui. Vous savez sûrement que sur 2 millions de marins marine dans le monde, 94 %, 2 % seulement sont des femmes et 94 % de ces 2 % sont de croisière. Donc on est pas beaucoup à être en mer et à vous mettre sur le dos. Sexy ce jeu de conférence sur le sujet. Le sexisme, le sexisme est toujours là chez référence. Par exemple au mois de juin dernier, un chef d'expédition qui me dit alors que tout le mois on a fait ensemble. J'étais la seule femme de l équipe, on était huit, j'étais seul, j ai rien demandé à personne, j'ai pas autant de dettes, j'ai fait tout le travail normal, c'est normal en fait. Et le dernier jour, un des derniers jours de l'annonce. Bref. Et on en avait besoin que de la moitié de l'équipe pour conduire.
Donc bon, j'étais pas dans la liste, ok ? Et je demande à venir dans son zodiac, ok avec mon gros sac dans mon gros sac, j'ai un tel objectif, j'ai un 600 mm et qui est le S avec les mecs et il fait ha c'est que dans ton sac t'as peut pris un peu de rouge à lèvre ? Ben non mais ça m'a rendu folle et toujours rien que vous en parler, ça me rend folle. D'où en 2017, en juin 2022 ? D'où on me dit ça encore ? Ça m'agace. Encore hier soir, j'ai dîné avec un mécanicien, le chef mécanicien, qui me dit ce que vous en avez, Galaad. Donc je suis en talons et il m'a vue. Pourtant, ça fait deux mois qu'il me voit sur la neige et la pluie à conduire à me prendre des embrun et fait alors le matin. C'est pas trop dur ? Tu hésites quand je vis ce matin ? Alors j'hésite. Non, ça, ça m'agace vraiment. Enfin, on est là, on fait le même travail et on se prend quand même des vannes sexistes.
Il y a eu des nanas sur des stations agrandies de réfection, Non ? Tu peux venir, il n'y a pas de quoi faire sur place. Il y a encore plein plein de sexisme. Les bateaux, parce que je peux vous en parler beaucoup, mais je station aussi station de radio station américaine car en Antarctique sur lEst, il y a eu un article publié hier il y a deux semaines. Je peux vous envoyer le lien qui raconte que en gros, il y a des bâtiments, on n'y va pas sauf je cite si on veut s'envoler non en 2023 c'est pas possible, le gardien du 23 nord au niveau 50, mais c'est assez fou qu'on en soit encore là. Donc non, non, il y a encore un vrai sexisme, mais ça va dans le bon sens. Et pour revenir aux femmes inspirantes, je citerais Addy Sevestre, kinésiologue et qui qui est sur beaucoup, beaucoup de fronts. On s'est rencontré sur un bateau et une femme très très inspirante. Elle donne des conférences, elle est sur le terrain, elle est, elle est, elle est partout et elle mène des expéditions.
Elle est comme une sentinelle. Il y a deux ou trois ans, après la COP23, c'est une expédition Svalbard féminine. Elle avait vu le changement climatique. Elle est sur le bord de la mer et des résultats à dire On est en février et ça devrait être classé. Ça n'était pas comme on le voulait que ça aurait dû être surtout donc elle très inspirante. Sophie Gagnon aussi très inspirante. J'ai 39 ans, elle a plus ou moins mon âge, un peu moins je pense, et elle est l'âme de cette compagnie. Elle est capitaine de brise glace en Suède, en France aussi. Très très inspirante. Dans l'histoire. Si l'on parle beaucoup, je vois, je parle des pionnières, je parle de nos conférences Joséphine puis Spirit Perry qui a été avec son mari Robert Peary sur les bateaux, qui n'était pas la bienvenue du tout, mais aérien. Elle a toujours soutenu et elle a fait la visite d'argent pour monter les éditions. Elle était très timide, comme fait des conférences et des livres écrits et elle a beaucoup, beaucoup fait.
À quoi ressemblent vos journées? Et comment avez-vous su que ce travail existait? ( Question d’une jeune de 12 ans)
Chaque journée est unique. Globalement, on commence tous entre entre six et 7 h du matin. On arrive sur site, on regarde comment le site depuis le bateau d'abord, comment la glace Est ce qu'il y a trop de glace pour aller sur le site. Donc s'il y a trop de glace, qu'est ce qu'on fait flamber le plancher ? Est ce qu'on fait juste une balance Zodiac ou est ce qu'on change d'endroit ? Ensuite, si on va à terre, donc on reviendra, on envoie une équipe, on va voir comment la glace s'il n'y a pas de crevasses parce que il y a des endroits en fin de saison, surtout les ronds, on connaît, mais nous on ne connaît pas. Donc faute de chercher ça, on regarde si c'est pas trop glissant et verglacé, si on peut le faire, si on peut le faire. On débarque, on débarque les passagers, on passe, on fait une randonnée, on fait des choses. La rando au kayak principalement. Ensuite va parler le 12 h. Et puis des fois le soir, ça dépend.
Avez-vous déjà eu peur? Et si oui, dans quelles circonstances. ( Question d’une jeune de 12 ans)
Est ce que j'ai déjà eu peur ? Oui, une fois, à cause de la glace, les inuits le disent tout le temps, me crée, créent de la glace. Un iceberg peut se retourner. Peut s'effondrer à chaque instant. On approche. Jamais. Jamais, jamais la glace. Toujours au moins deux fois. La distance par rapport à la hauteur de l'iceberg. Quand un glacier pareil, toujours les distances. On a un télémètre pour vérifier à distance. Fait. C'est assez trompeur. Des fois, on croit qu'on est loin ou pas. On est prêt à de grandes kilomètres pour ça. C'est très bien. Des fois, c'est tentant de vouloir aller plus près, forcément. Mais non, jamais. Des fois, j'ai peur. Un iceberg monumental qui s'est effondré et une des parties s'est d'abord effondré et puis une partie s'est séparée en deux et une partie s'est retournée en se fondant. Et là, j'ai eu peur.
Est-ce que vous devez vous camoufler afin de capturer des photographies d'animaux comme les ours polaires? (question d’une jeune de 12 ans)
Alors oui, après l'ours, il nous sent, ils nous sont de très très loin. Nous on a pas encore vu. Lui nous a déjà vu donc on se camoufle pas, on fait attention. La règle c'est de ne jamais, jamais déranger un animal. Si l'animal change de comportement, c'est la terre de trop près qu'on le dérange. Donc ça c'est pas du tout ce qu'on veut. Donc là, le phoque, il va dormir. Voilà, on respecte nos distances. Le manchot pareil, la manchot tiers à cinq mètres mini, donc on l'a. Si jamais on sent que l'animal est stressé, on s'en va tout de suite. Et donc par rapport aux ours sur son tête, on se calme, on ne fait pas, mais souvent ils font leur vie. En fait, ils sont sur la plage, en montagne, ils marchent et on va les faire de loin jamais. Donc on se camoufle. Oui et non. On on reste à distance tout le temps. Si jamais on est à terre.
C'est arrivé, on est à terre, on fait notre rando, on a toujours avec nous deux fusils pour nous protéger de l'ours et protéger l'ours aussi. Donc évidemment, il est hors de question qu'on tue un ours sera pour le freiner si jamais il charge par exemple. Mais bon, on surveille tout le temps, tout le temps, tout le temps. Si un ours qui arrive, il y a des choses qui arrivent. On l'a vu nager tranquillement. Très bien. On est de l'autre côté de la butte, on a évacué tranquillement et ensuite on a observé depuis la mer et il a fait sa vie marcher, le manger, monter. Voilà, c'est très bien. Donc on se camoufle oui et non, en faisant toujours hyper attention à ne jamais déranger aucun animal.
NB: La transcription des audios a été possible grâce à l’intelligence artificielle de www.happyscribe.com