Quand j’ai commencé l’écriture de ce texte, le ciel était nuageux, très nuageux même. Voilà qu’en mettant le point final, un magnifique soleil s’approprie le ciel de la campagne où j’habite. C’est une tout autre lumière qui éclaire ce paysage rustique où traînent ici et là quelques balles de foin près du champ de maïs.
Dehors, sur les fils électriques ou peut-être ceux du téléphone (personnellement, je ne fais pas vraiment la différence), viennent se déposer à tour de rôle des hirondelles, qu’on dit de grange, et leurs petits. Trente-cinq en tout, je les ai comptés. Voilà que j’ai droit à un cours de vol 101! Pit, pit, pit par-ci, pit, pit, pit par- là. C’est avec beaucoup d’attention que les parents encouragent les oisillons à s’élever ou à oser un vol plané.
Puis la récompense de tous ces efforts: le « lunch » offert gracieusement de bec à bec par la mère! Tout ça sous mes yeux. En fait en levant les yeux vers eux.
Il y a quelques semaines, j’ai rencontré un homme qui vit ses derniers moments. Il a toute sa tête et presque cent ans. Il a encore cette flamme qui brille dans ses yeux quand je lui propose de sortir prendre l’air et une cigarette (un de ses derniers plaisirs accessibles). Il me fait une petite gigue avec ses jambes en s’assoyant dans son fauteuil roulant!
« Ah, là, ça, c’est du vrai bonheur. Sentir l’air pis le soleil sur sa peau. À mon âge, on en a vu et entendu de toutes les sortes, vous savez. Y’a rien qui fait plus plaisir que de l’air frais, du vent, du soleil sur sa peau quand on est pris pour attendre sa mort dans une chambre. J’suis chanceux de pouvoir sortir. Y’en a qui peuvent pas. »
Ensemble, on a parlé de la vie, de la mort, de sa mort qui approche. On a regardé le spectacle de la nature parce que même si la mort est imminente, la beauté de ce qui l’entoure est précieuse à ses yeux. Il a été camionneur une grande période de sa vie dans le temps où les routes étaient en « guernotte ». Il en a vu de beaux paysages, de belles personnes. Il a eu le temps de contempler la vie. Je suis une contemplatrice dans l’âme. J’espère que lorsque j’aurai son âge, je saurai encore embrasser la vie et la goûter avec tout l’amour et la sagesse de cet homme.
Et si, tous les jours, nous prenions deux minutes pour apprécier un bonheur dans notre vie, même avec les « à causes » et les « malgré »…qu’en pensez-vous?
Révision Josée GOUPIL