Après une longue analyse de mon passé, j’ai compris que mon passage dans la vie adulte a été un échec sur toute la ligne. Je n’ai pas été préparé pour ce qui m’attendait de l’autre côté du nid familial. On m’a appris à nager, mais on a accroché un boulet à mes chevilles. J’ai longtemps blâmé mes parents pour ça. À tord, bien sûr, et je suis heureux d’avoir fait ce constat assez tôt, du temps de leur vivant. Je ne peux que leur être reconnaissant quand je regarde les forces que j’ai. Après m’être donné la chance de comprendre que j’étais le seul et unique maître de la suite des choses, j’ai coupé les chaînes et j’ai commencé à gratter les bobos en dessous des attaches.
Je me bats depuis un méchant bout de temps pour améliorer mon sort. Sept années sur huit de ma trentaine ont été parsemées de gros downs, de bref ups, de tonnes de questionnements et de doutes, de remises en question, de changements de carrières. Je suis reparti de zéro tellement souvent! J’ai fait plusieurs pas en arrière pour ensuite mieux avancer. J’ai déçu des gens et appris à vivre avec le poids de ces déceptions. J’ai fait de nombreuses erreurs. J’ai aimé, j’ai été laissé, j’ai eu mal. Le tout, en continuant d’aller en avant, en nageant contre le courant, en pédalant avec un vent de face, souvent dans le brouillard.
Aujourd’hui, j’ai la chance d’aimer et d’être aimé à nouveau. Je ne dis plus que j’ai fait des erreurs, mais bien que je me suis construit un escalier une marche à la fois. Là-dessus, je me permets de recopier les paroles d’une chanson qui m’a beaucoup aidé à garder espoir...
“I put a small stone in the water
I put a small stone in the deep blue sea
Everyday I place my stones and wait
One day there will be a bridge
One day I'll escape from this island”
(One Day – Ultra Orange & Emmanuelle)
Je suis apprécié pour ce que je suis et ce que j’ai à offrir. J’ai appris, je continue à apprendre chaque jour. J’ai confiance en ce qui s’en vient. La vie m’a toujours apporté les épreuves et les éléments que ça me prenait pour passer à l’étape suivante d’évolution, relever mes manches, espérer mieux et à force de courage, obtenir plus. Je n’ai dans la vie que ma santé, la chance de connaître l’amour et l’espoir. Tout ce que j’ai à offrir se limite à ce que je suis devenu. J’ai décidé que j’allais commencer à aimer ma vie et à apprécier toutes les petites choses qui font qu’elle est magnifique. À presque 40 ans, 20 ans exactement après avoir quitté mon adolescence, j’ai enfin commencé à sourire…
Révision: Josée Goupil
Crédit photo: Pascal Tremblay - Mont Ngauruhoe, Nouvelle-Zélande