Vers la fin de juillet dernier, j’ai eu le privilège de rencontrer seul à seul Madame Rose Dufour, Directrice générale et fondatrice de la Maison de Marthe. C’était tôt le matin et Madame Dufour avait déjà commencé sa journée qui allait être une fois de plus très chargée. La voyant arriver, je me suis immédiatement posé la question : mais pourquoi donc cette personne qui est en mesure de prendre sa retraite se donne-t-elle encore autant ? J’ai vite trouvé la réponse. Celle-ci ne m’est pas venue de sa bouche, mais plutôt de ses yeux et de son regard de feu aimant qui évoque l’importance de la cause qu’elle défend. Je crois bien à ce moment-là avoir été atteint par l’âme de Rose Dufour. C’est quelque chose qui se ressent en profondeur et qui n’arrive pas souvent dans une vie. Bien que petite physiquement, j’ai pu percevoir toute sa grandeur et la force intérieure qui émanait d’elle.
Rose Dufour est une personne qui connaît le visage de la misère humaine. Très tôt dans sa vie, elle était touchée par la souffrance d’autrui. À l’âge adulte, elle a œuvré dans les milieux pauvres pendant plus de 20 ans auprès des Inuits, puis auprès des sans-abri, des orphelins de Duplessis et des jeunes de la rue. En 2006, elle décide de se dévouer à la cause des femmes qui se prostituent en fondant la Maison de Marthe. Comme elle m’a dit lors de notre rencontre : « J’ai descendu l’échelle de la misère pour aboutir à son dernier barreau, celui de la prostitution, et j’y ai vu les plus grandes détresses. Tout dans ma vie m’a préparé pour œuvrer à cette cause ». En entendant ses paroles, je ne pouvais que croire davantage au processus de la vie qui nous guide tous à travers nos expériences vers une destinée bien précise.
Docteure en anthropologie de la santé, Rose Dufour a développé une méthodologie d’intervention dynamique et individuelle qui permet aux gens de se réapproprier leur corps, leur vie et leur destinée. Ses études et recherches dépassent de loin le contexte académique car elles ont débouchées sur des actions concrètes qui produisent des résultats sur le terrain en sortant des gens de leur souffrance et en leur permettant de retrouver une dignité !
Rose Dufour a reçu plusieurs prix depuis la création de la Maison de Marthe dont les suivants :
- Chevalière de l’Ordre National du Québec (2013)
- Grand Prix Avancement de la Femme, YWCA (2013)
- Prix pour les droits des femmes (2014)
- Médaille Gloire de l'Escolle, Grands diplômés Université Laval (2015)
Elle a de quoi être fière mais à ce que j’ai pu voir d’elle, je crois que le plus grand prix c’est avant tout la joie provoquée quand quelqu’un finit par s’en sortir et le bonheur d’avoir pu contribuer d’une certaine manière à cela. Les quelques échanges que j’ai eu avec cette dame remarquable m’ont montré son humilité et sa dévotion entière pour quelque chose d’infiniment plus grand que l’ego humain.
Cet ego personnel que nous avons tous veut souvent nous faire croire qu’il est le plus important ici-bas. Quand je vois des gens comme Rose Dufour qui se donne avec autant de cœur, cela m’inspire à suivre le chemin de mon Être même si c’est parfois difficile ou confrontant pour mon « petit moi mental ». Ce chemin que Rose nous pointe du doigt est celui qui nous unit les uns aux autres en sous-entendant que nous formons qu’UN, tous ensembles grâce à l’amour et l’entraide. Rose est un exemple vivant et visible de cette réalité invisible.
Notre rencontre s’est conclue avec cette phrase de ma part : « j’ai l’impression de voir la Mère Térésa de Québec ». Elle trouvait que j’exagérais, pourtant j’ai noté plusieurs ressemblances dans sa façon d'être et d'agir. Cette Rose que j'ai vue ce jour-là est loin d'être fanée et je crois que son parfum d'Amour va continuer de se propager encore longtemps dans la maison... de Marthe.
Merci et bravo pour votre œuvre Madame Dufour !