J’écoutais l’hommage lors des funérailles de ma tante que l’on décrivait comme une mère et une femme exemplaire, travaillante, érudite, aimante et talentueuse, d’humeur égale, quand je me suis mise à imaginer le message que livreraient mes proches lors de mon décès, vers l’âge de 92 ans et demi (suite à une mauvaise chute lors de mon 42e marathon). Moi qui essaie de TOUT faire, d’être TOUT à la fois, de garder le sourire malgré TOUT, serai-je décrite comme une personne exemplaire? L’ «humeur égale » ne sera jamais dans la description, ça, c’est certain! Mais est-ce que j’essaie trop? Est-ce que j’en fais trop ou juste assez?
Être femme, fille, mère, conjointe, amie, sportive, employée ou entrepreneure, on m’en parle souvent, c’est beaucoup et c’est ça la vie, non?! On fait tous des choix, mais il est rare que l’on n’ait pas une couple de « vies » en parallèle.
« Comment tu fais? »
Est-ce que la société tend à valoriser le « moins en faire »? Est-ce que, dès que l’on roule à un rythme actif, on est vu comme en faisant trop? Est-ce la jalousie, ou la peur, qui font en sorte que l’on se fait questionner, même critiquer sur notre travail acharné ou notre vie active? Ou est-ce notre propre besoin de nous faire apprécier, aimer des autres, sous toutes nos facettes, qui nous pousse à travailler fort pour mettre en lumière tous nos talents?
« Tu vas te brûler! »
Bien oui, ça se peut… Je travaille fort… À ralentir... Mais ça aussi c’est du travail! Le stress, la peur des effets du stress, c’est un petit nuage gris qui me suit constamment. Il porte ombrage à mes succès. Oui, le stress use la santé, j’en suis consciente. Mais le stress du défi nous fait aussi prendre conscience du moment présent, il nous fait sentir vivant.
« Pagayer dans la gravelle »
C’est l’expression qu’utilise mon conjoint à mon propos. Mon père, lui, décrivait ainsi ses enfants : « mon fils se laisse couler dans le courant, ma fille nage à contre sens. » Je me questionne toujours… Est-ce que je vais nulle part? Ma créativité me mène ailleurs, hors des sentiers battus. Je mets beaucoup d’effort dans tout ce que j’entreprends. Il n’y a pas de mal à faire des efforts, non?
« Es-tu hyperactive, coudonc? »
Un terme bien à la mode! Est-ce que l’on disait ça à nos ancêtres qui défrichaient à la hache, bâtissaient leur maison de leurs mains, fabriquaient leurs propres vêtements, leurs propres pain et beurre, qui vivaient de la terre et travaillaient 365 jours par année bien avant le TGIF? Est-ce que leurs voisins leur demandaient autour d’une p’tite bière d’épinette si on leur avait diagnostiqué un TDAH? Est-ce que comme société, on se l’est donné plus facile et donc toute personne qui travaille un peu plus fort est jugée anormale? La passion pour son travail peut se transformer facilement en obsession, j’en conviens. Mais est-ce que « travailler fort » est maintenant vu négativement?
YOLO vs FOMO
« You only live once » vs « Fear of missing out »
On vit dans un monde où l’on est bombardé de possibilités. Pour une personne créative, cet influx est comme du « miracle grow » sur les stéroïdes. Des idées, des projets, des activités poussent SANS ARRÊT dans mon cerveau comme de la mauvaise herbe. Est-ce je souffre d’une peur de rater une occasion? Ou est-ce que je n’ai qu’une vie à vivre donc j’en profite pleinement? Peut-être un peu des deux. Dans le jardin de mon imaginaire, il y a peu de limites, j’ai donc de la difficulté à ne pas trouver superbe l’entièreté du paysage coloré de mon imagination. Alors, pourquoi ne garder qu’une seule espère de fleur quand on peut cultiver tout le jardin avec un peu de travail (OK, beaucoup de travail!).
À vouloir faire tout, est-ce que j’en fais trop? Ou est-ce que le trop des autres est juste comme mon « pas assez »?
Ne reste qu’à « travailler » à trouver les réponses.
Révision Josée Goupil